projection - Villes transit a ouvert les journées du film jordanien qui ont débuté jeudi à la cinémathèque algérienne. Ce film, un long métrage, réalisé par le jeune cinéaste Mohammed Al Hushki, raconte l'histoire de Leïla, qui, après de longues années passées à l'étranger (USA), revient dans son pays où elle découvre une société ayant complètement changé, qu'elle ne reconnaissait plus, une société où elle se sent entièrement étrangère. Elle s'aperçoit que les habitudes de ses habitants ont beaucoup changé. Leïla se trouve alors confrontée à de nouvelles réalités et de nouvelles mentalités. Cela l'amène à affronter les contraintes qui en découlent. Son retour se révèle loin d'être aussi facile qu'elle le pensait. Le film illustre les déceptions, les souffrances de Leïla qui tente de positiver, relativiser, et ce, en essayant de trouver ce qui pourrait concilier sa condition de femme émancipée aux mentalités qu'elle retrouve dans son pays. Précisons que Leïla n'a pas appris l'émancipation en Amérique, bien au contraire, c'est dans son pays, au sein de sa famille, qu'elle a acquis les valeurs de la liberté et de l'émancipation. Elle cherche alors stabilité et bien-être dans cette ville où elle se sent perdue. Mais à aucun moment elle ne trouve la capacité de s'intégrer dans cette nouvelle vie qu'elle juge étriquée, stéréotypée par une mentalité figée. Encouragée par son père, Leïla n'a d'autre choix que de repartir aux Etats-Unis. L'autre personnage saillant du film est donc le père : symbolisant la situation des mouvements de gauche dans le monde arabe, ce dernier représente également une génération qui avait de l'espoir et qui croyait à la patrie et au nationalisme arabe. Des espoirs qui se sont effilochés au fil des ans, notamment avec l'islamisation des sociétés. Des sociétés qui se sont enfermées dans un conservatisme stérile. C'est ainsi que plusieurs possibilités s'offrent à Leïla, à savoir fuir, ce qu'elle refuse, rester et combattre pour sa liberté ou encore s'adapter aux nouvelles normes sociales. Il y a un autre personnage dans le film qui s'avère lui aussi symbolique, c'est Sanâa, la tante de Leïla, qui apparaît cloîtrée dans son univers, qui vit dans le passé, temps du romantisme et des illusions, qui, aujourd'hui, sont perdues. Elle ne sort pas de chez elle, se contentant d'écouter Chadia et de boire du café. Ce personnage, ô combien significatif, renvoie à «l'image d'un monde arabe prisonnier d'une certaine grandeur du passé». Car la tante Sanâa y semble être retenue, et elle semble aussi s'y complaire, parce qu'elle refuse son présent, le rejette, ne le supporte plus, le trouvant pesant, étriqué. Son environnement se dégrade. Les mentalités, elles aussi, se détériorent. Tout a changé. Rappelons que Villes transit a obtenu divers prix dans de nombreux festivals internationaux. - La soirée d'ouverture a également été marquée par la projection du court métrage Bahia et Mahmoud du réalisateur Zayd Hamdane. L'histoire met en scène un vieux couple acariâtre, grincheux qui vit sans affection ni tendresse et qui se dispute sans arrêt.Le mari est un personnage autoritaire et l'épouse n'en peut plus d'avoir à subir ses remontrances, ses humeurs insupportables. Une dénonciation de la solitude des vieillards, leur fin de vie monotone et dénuée d'attrait. Ce petit film a reçu de nombreuses distinctions internationales. Notons que ces journées sont organisées à l'initiative de l'Agence algérienne du rayonnement culturel (sous le patronage du ministère de la Culture) et en partenariat avec la Royal Film Commission (Jordanie). L'objectif est de faire découvrir au public algérien la cinématographie jordanienne. Cette initiative fait suite aux Journées du cinéma algérien organisées l'été dernier à Amman.