Le drapeau algérien flotte sur la place des Arts de Montréal parmi 70 autres de pays participants au 35e Festival des films du monde avec 400 films au programme. Un événement titanesque. Montréal (Canada) De notre envoyé spécial Grande jubilation dans une salle du quartier latin de Montréal quand passe sur l'écran Tagnawitude, et quand Amazigh Kateb scande de sa voix rocailleuse et euphorique, avec son guembri, sa fameuse chanson Timimoun Timbouctou. C'est un film coproduit par l'Algérie, le Maroc et la France, réalisé par Rahma Benamou El Madani. Travail de recherche remarquable et passionnant qui fouille l'origine de la musique gnawa. Rahma Benamou El Madani l'a fait sous forme de journal de voyage, en suivant la route musicale qui relie Marrakech, Essaouira, Bel Abbès, Timimoun... Des villes chargées de mémoire musicale, de créativité gnawa. Une musique avec ses aspects vivants, ses transes, ses origines africaines, ses mouallims, ces troubadours vétérans dont l'apparition sur scène provoque le délire, comme au Festival gnawa d' Essaouira. Cheveux courts, look rajeuni, Amazigh Kateb nous parle de l'origine de la musique gnawa. Il remonte aux rêves de sa jeunesse pour dire pourquoi cette musique fait partie de sa vie. C'est sa vie. Un film jordanien Mudun Al Transit (Les cités de transit), de Mohammed Al Hushki, nous dit pour sa part beaucoup de choses de Amman. Ce film, très attachant, a aussi de quoi rendre nostalgique n'importe quel Algérois qui a connu sa propre ville bien meilleure qu'aujourd'hui. Amman, cité naguère flamboyante, joyeuse, permissive a pris de terribles rides avec la vague fondamentaliste radicale qui a fini par la plonger, y compris ses habitants, dans le Moyen-Age. Condition des femmes C'est l'histoire de Leïla, une jeune et très belle femme jordanienne qui revient vivre dans sa ville natale après des années d'exil aux Etats-Unis. Elle retrouve Amman avec un sentiment d'horreur. L'excès de fondamentalisme religieux a tout changé. Son père, brillant intellectuel, ne sort plus de la maison, passant ses journées devant les chaînes débiles de Nilesat. Sa mère et sa sœur sont désormais entièrement voilées. Leïla a laissé une famille moderne, vivante et elle retrouve une maison plongée dans le fond des âges. Elle ne retrouve plus ses repères, ses amis, sa jeunesse. Elle ne reconnaît rien. Elle veut enseigner, mais le doyen de l'université lui dit que ses diplômes américains ne l'intéressent pas. La société jordanienne est aujourd'hui complètement repliée sur elle-même. C'est une régression absolue. Leïla pleure toutes ses larmes quand elle revoit des gens sans aucune aspiration vers la culture universelle, vers le monde extérieur, vers la liberté et la connaissance.Elle a perdu l'Amérique en revenant dans son pays qui est perdu pour elle. La fin de cette triste et vivante histoire ne dit pas ce que Leïla va devenir, ce qu'elle va faire. Elle tente un dialogue avec son père, le seul qui reste de son côté. Mais pour elle, Amman aujourd'hui c'est nulle part. C'est l'histoire d'une femme arabe moderne et très désemparée. Un thème qu'aucun cinéaste algérien n'a encore osé aborder.