Résumé de la 21e partie - Lyès découvre, de la fenêtre de sa chambre, la voisine, nouvellement arrivée. C'est une jolie fille mais qui suscite l'antipathie du bourg. En sortant de la maison, il jette un coup d'œil du côté de la maison. Les volets de l'étage sont ouverts mais les rideaux sont tirés. De toute façon, se dit-il, il verra la jeune femme, puisqu'ils sont voisins, et peut-être même se parleront-ils. En passant devant la boulangerie, il sursaute. C'est la jeune femme, tenant à la main un jeune garçon. Sans réfléchir, il entre dans la boulangerie. — Bonjour docteur ! lance le boulanger. — Bonjour, dit-il. L'homme sourit. Il allait servir la jeune femme mais il la laisse pour venir vers lui. — Qu'est-ce que ce sera, pour notre docteur ? — Oh, dit Lyès, servez la dame, j'attendrai ! La «dame» le regarde et baisse aussitôt les yeux : elle l'a sans doute reconnu. Le petit garçon la tire par la main. — Maman, je veux ce gâteau ! Il a parlé en français et c'est dans cette langue que sa mère lui répond. — Non, tu as déjà mangé un gâteau, ce matin ! ça va te faire mal ! — Je veux le gâteau ! Lyès s'approche. — Il faut écouter ta maman ! Manger trop de gâteaux peut faire mal ! Très mal même… L'enfant le regarde et, apeuré, se cache derrière sa mère. — Excusez-moi, dit la jeune femme. Elle prend le pain que lui tend le boulanger, elle le paye et sort. — Peuh, dit le boulanger, on n'a pas idée d'apprendre à son fils une langue étrangère ! — Cette femme et cet enfant sont émigrés, je pense, dit Lyès. — Oui, mais ce n'est pas une raison ! en tout cas, si elle a l'intention de vivre ici, elle a intérêt à s'adapter et à devenir comme les autres. Il y a comme une menace dans cette phrase. Le boulanger se remet de nouveau à sourire et il lui demande, amicalement. — Qu'est-ce que ce sera pour vous, docteur ? Il n'a pas le temps de réfléchir. — Eh bien, dit-il, donnez-moi ce gâteau. Le boulanger le regarde, étonné : c'est le gâteau que voulait le petit garçon ! comme il hésite, Lyès reprend : — Oui, oui, c'est ce gâteau que je veux. — Bon, bon, je vous le donne ! — Faites vite, je dois partir ! Le boulanger le lui donne, il le prend, le paye et s'en va. Il espérait trouver dans la rue le jeune garçon mais il a disparu. Une fillette passe. — Hé, petite ! Il lui met le gâteau dans la main et s'en va ! (A suivre...)