Normalité - Si les opérateurs jouaient correctement et honnêtement le jeu, la pomme de terre serait vendue aujourd'hui entre 20 et 25 DA le kilo, pas plus. Il y a une absurdité économique que tout le monde peut constater au marché, n'importe quel marché du pays : la pomme de terre est proposée à 50 et 60 DA le kilo aux clients et la banane à 80 et 100 DA. La banane normalement devrait être plus chère car c'est un fruit exotique qui vient de très loin, le plus souvent d'Amérique centrale ou de Côte d'Ivoire. Il devrait être hors de prix même si l'on considère les frais de transport, de manutention, de douane et de stockage qu'il génère forcément avant d'arriver dans nos assiettes. D'où vient cette «baraka» qui fait qu'un produit aussi délicat soit vendu à la criée dans notre pays et souvent dans des charrettes ? C'est l'extrême abondance du fruit à l'étranger qui explique ce phénomène. Il y a une quarantaine d'années avant que les marchés ne soient ouverts aux importateurs, la banane était un fruit de rêve pour les Algériens. On n'en consommait que par l'intermédiaire des émigrés qui venaient en vacances. Au point d'ailleurs que de nombreux enfants ne l'ont découvert qu'à l'âge de 10 ans. C'est donc la preuve que notre dinar, comme toutes les autres monnaies du monde est très sensible aux fluctuations des cours internationaux et que sa valeur absolue ne peut pas être mise en cause. Selon ce principe la pomme de terre devrait, elle aussi, obéir aux mêmes règles. Non seulement elle est abondante sur les marchés mais elle est même proposée aux clients sur le bord des routes.Mais la différence avec la banane, c'est qu'elle est un aliment nécessaire à notre nourriture et non un dessert facultatif sur lequel on peut faire l'impasse. Si les opérateurs jouaient correctement et honnêtement le jeu, la pomme de terre serait vendue aujourd'hui entre 20 et 25 DA le kilo, pas plus. C'est la spéculation des intermédiaires et l'appétit vorace des commerçants qui sont à la base de la hausse d'un produit qui n'a pas fini de s'emballer et qui rend le dinar de plus en plus vulnérable. N'a-t-on pas vu des citoyens acheter une livre de pommes de terre au marché au grand dam des marchands de légumes pour lesquels le poids d'une livre a été définitivement banni de leur balance ? L'érosion de notre monnaie est donc due en grande partie à l'immense déséquilibre entre l'offre et la demande encouragé par les spéculateurs et les revendeurs de toutes sortes et aussi au dysfonctionnement flagrant de notre circuit commercial. D'autres facteurs contribuent, chacun de son côté, à laminer encore plus le pouvoir d'achat des citoyens et par là celui du dinar.