Justice - L'ancien ministre français du Travail Eric Woerth, un proche de Sarkozy, a été mis en examen (inculpé), hier, pour trafic d'influence. Eric Woerth a été interrogé toute la journée d'hier à Bordeaux (sud-ouest) par trois juges qui instruisent les dossiers liées à la milliardaire Liliane Bettencourt, 89 ans, héritière des cosmétiques L'Oréal et troisième fortune de France. A l'issue de cette journée d'audition, Eric Woerth a été «mis en examen du chef de trafic d'influence passif», a annoncé le parquet de Bordeaux. II s'agit d'un délit proche de la corruption, dans lequel la personne mise en cause est suspectée d'avoir usé de son influence pour obtenir des pouvoirs publics une distinction ou une décision en faveur d'une autre personne. A ce stade, les juges n'ont retenu qu'une partie des soupçons pesant sur Eric Woerth. Celui-ci a également été interrogé, hier, mercredi, sur des faits qui auraient pu donner lieu à des inculpations pour «trafic d'influence actif» et surtout pour «financement illicite de parti politique ou de campagne électorale», selon le communiqué du parquet. Ces derniers soupçons étaient de loin les plus embarrassants pour Eric Woerth et pour le Président Nicolas Sarkozy, qui doit rendre officielle, dans les prochaines semaines, sa candidature à un second mandat. Il est jusqu'ici donné largement perdant par les sondages face au candidat socialiste, François Hollande, lors de ce scrutin prévu les 22 avril et 6 mai. Car c'est le financement de la campagne victorieuse du Président français en 2007 qui est visé par certaines des investigations des juges. Ancien ministre du Travail, mais surtout ancien trésorier du parti majoritaire UMP et de la dernière campagne de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth est accusé d'avoir reçu de l'argent liquide émanant de Liliane Bettencourt. Eric Woerth a toujours nié avoir commis le moindre délit. Mais l'ancienne comptable des Bettencourt, Claire Thibout, a affirmé à plusieurs reprises à la police et à la justice qu'il lui avait été demandé début 2007 de retirer 150 000 euros destinés à être remis à Eric Woerth. Elle a déclaré au final avoir remis 50 000 euros en espèces à l'ancien homme de confiance de la milliardaire, Patrice de Maistre, lequel lui aurait laissé entendre qu'il les remettrait le lendemain à Eric Woerth pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy. Le financement politique en France est strictement réglementé depuis les années 1990. Les dons à des partis ou des personnalités sont possibles mais strictement limités. Le parquet de Bordeaux ne donnait aucune indication, hier soir, sur les faits précis pour lesquels Eric Woerth a été mis en examen.