En intervenant lundi soir à la télévision, Nicolas Sarkozy entendait mettre un coup d'arrêt à cette affaire dans laquelle Eric Woerth, chargé de procéder à l'impopulaire et cruciale réforme des retraites, est mis en cause. Malgré les tentatives du président Nicolas Sarkozy de déminer le scandale politico-fiscal autour de l'héritière des cosmétiques L'Oréal Liliane Bettencourt, le ministre du Travail Eric Woerth, reste affaibli par des rebondissements qui n'en finissent plus. En intervenant lundi soir à la télévision, le chef de l'état entendait mettre un coup d'arrêt à cette affaire dans laquelle Eric Woerth, chargé de procéder à l'impopulaire et cruciale réforme des retraites, est mis en cause pour conflit d'intérêts, financement illégal du parti présidentiel UMP, voire trafic d'influence. Le ministre du Travail «est lavé de tout soupçon», déclarait le président sur la base d'un rapport de l'administration fiscale affirmant - sans convaincre l'opposition - qu'il n'avait pas couvert de possibles fraudes de la femme la plus riche de France lorsqu'il était au Budget (2007-mars 2010). Pour calmer les esprits, l'intéressé démissionnait dans la foulée de ses fonctions de trésorier de l'UMP qu'il a gardées en entrant au gouvernement et qui lui ont valu les violentes critiques de l'opposition de gauche. Mais les questions sur un éventuel financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 restent posées. La semaine dernière, l'ex-comptable de Mme Bettencourt avait affirmé qu'en tant que trésorier de l'UMP M.Woerth avait reçu 150.000 euros en espèces au printemps 2007 pour financer cette campagne - une accusation réfutée par l'exécutif, que le président n'a pas évoquée en détails. L'hebdomadaire Marianne révèle dans son édition à paraître hier, que Claire Thibout a effectué un retrait en espèces de 100.000 euros à la demande de la milliardaire en décembre 2006, soit quatre mois avant l'élection, et qu'elle n'aurait pas consigné cette sortie d'argent sur ses carnets de caisse. Les témoignages d'ex-employés des Bettencourt, révélés jeudi par la presse, sont venus crédibiliser les accusations de l'ex-comptable sur les liens troubles entre le monde politique et la riche famille. L'ancienne secrétaire du défunt mari de la milliardaire André Bettencourt a décrit aux policiers les visites régulières d'hommes politiques chez le couple où ils venaient, selon elle, recevoir de «l'argent liquide», notamment «durant les périodes précédant des élections». Parallèlement, la justice a accéléré son enquête sur les enregistrements clandestins de conversations entre Mme Bettencourt et ses conseillers financiers, à l'origine de tous ces rebondissements. Quatre proches de Mme Bettencourt, dont son gestionnaire de fortune Patrick de Maistre, ont été placés jeudi en garde à vue par les enquêteurs qui se concentrent sur les soupçons d'évasion fiscale de la milliardaire. Ces gardes à vue ont été levées, vendredi soir après, environ 36 heures d'audition. Les écoutes suggèrent de possibles fraudes via l'île d'Arros aux Seychelles (évaluée à 500 millions d'euros) et deux comptes suisses (78 millions d'euros) non déclarés. La justice devrait ensuite s'intéresser aux conditions d'embauche en 2007 de Florence Woerth (l'épouse du ministre) dans une société gérant une partie de la fortune Bettencourt (évaluée au total à quelque 17 milliards d'euros). Les bandes font planer le soupçon d'un conflit d'intérêts, voire d'un trafic d'influence: en avril 2010, le gestionnaire de la fortune de Mme Bettencourt indique avoir engagé Mme Woerth à la demande de son mari. Dans l'intervalle, M.Woerth a été rattrapé par une autre polémique dans laquelle il est accusé d'avoir bradé à une connaissance un hippodrome propriété de l'état lorsqu'il était ministre du Budget. Ce qu'il a réfuté. Quant au conflit familial à l'origine de l'affaire politique, il a connu un énième rebondissement: la fille de Liliane Bettencourt a de nouveau demandé jeudi le placement sous tutelle de sa mère de 87 ans.