Directeur général de la société Priplait, plus connue à travers sa marque «Fromagerie le Berbère», Rachid M?berbeche est un homme qui aime les défis. Il en a déjà réussi un, celui d?imposer ses produits en quelques années seulement sur le marché algérien et, comme il a de la suite dans les idées, il en a réussi un autre, celui d?exporter ses fromages en Libye et en Mauritanie. Aujourd?hui, il s?est fixé un autre challenge, celui de conquérir l?Europe et, en particulier... la France, le pays à la centaine de marques. Un sacré pari qui ne semble pas effrayer ce chef d?entreprise audacieux qui n?a jamais douté de la qualité de ses fromages. InfoSoir : Comment est née votre fromagerie ? Rachid M?berbeche : Cela s?est passé en 1996. On a racheté une société étatique et on l?a retapée pour en faire une fromagerie moderne. Et pourquoi l?avoir dénommée «le Berbère» ? On s?est réuni avec tous les associés et chacun de nous a proposé une appellation. On a finalement opté pour «le Berbère» parce que c?est un nom qui sonnait bien et qui était bien adapté au pays. Huit ans après le démarrage de l?entreprise, quel bilan faites-vous ? Disons que c?est un bilan satisfaisant. On a commencé avec de vieilles machines, et aujourd?hui l?entreprise fonctionne avec du matériel moderne.C?est pratiquement le top de ce qui peut se faire actuellement. On a également agrandi notre usine. C?est peut-être peu au niveau d?une société, mais je considère tout de même que c?est un grand pas. Par ailleurs, en huit ans, notre marque «le Berbère» est relativement mieux connue que d?autres marques en Algérie. En 1996, quand vous avez démarré, il y avait très peu de concurrence dans la fromagerie. Mais aujourd?hui outre les concurrents nationaux, il y a les étrangers. Comment vous êtes-vous adapté ? Effectivement, il n?y avait pas autant de concurrents quand on a démarré. Je me souviens il y en avait deux à Oran et un seul à Alger. Aujourd?hui, il y en a une trentaine à Alger et certainement le même nombre à Oran. Mais je pense que la concurrence est nécessaire, ça nous force à investir et à améliorer constamment la qualité pour la satisfaction du client. Donc, toujours aller de l?avant. Par exemple, si nous n?avions pas investi en 1998, on n?aurait, peut-être, pas été prêts pour affronter la concurrence d?aujourd?hui. Et notamment celle de la célèbre marque «La vache qui rit» ? Il n?y a pas que cette marque, mais aussi d?autres concurrents sérieux qui sont arrivés sur le marché algérien. Et ça ne vous inquiète pas ? Non, pas du tout, car même s?ils ont acquis une part de marché, cela ne nous a pas empêchés de nous maintenir. Votre part de marché, a-t-elle augmenté ou baissé ? Elle est stable et nous avons même développé l?exportation pour la conquête de nouveaux marchés. Vers quels pays exportez-vous ? La Libye et la Mauritanie, et nous envisageons même de pénétrer le marché européen. C?est un sacré challenge que de viser l?Europe? Oui, mais ce n?est pas si difficile. Dans un premier temps, on va essayer d?atteindre nos émigrés en France, d?autant plus que nous avons reçu des échos très favorables de la part de personnes qui ont eu l?occasion de consommer nos fromages à Paris. Et dans le cadre de la diversité, vous commercialiserez aussi des carrés appelés «Ikil» ? Oui, c?est l?équivalent du «Kiri». Nous l?avons dénommé «Ikil» parce que la matière première de ce fromage est du lait caillé appelé en kabyle «ikil». Quel est, selon vous, la région d?Algérie qui consomme le plus de fromages ? Incontestablement, c?est l?Algérois qui arrive en tête. Et celle qui en consomme le moins ? C?est le sud du pays, et je crois que c?est dû au climat très chaud qui empêche une conservation assez longue du fromage. Mais de manière générale, c?est dans les grandes villes de la côte que l?on retrouve la plus forte consommation de fromage. Beaucoup de recettes culinaires sont à base de fromage. Y en a-t-il une que vous appréciez tout particulièrement ? Oui, le bourek au fromage parce que c?est délicieux. Peut-on dire aujourd?hui que «le Berbère» est une marque prospère ? Oui, d?abord, elle s?est imposée en quelques années en Algérie, et le fait d?exporter est une manière de dire qu?elle est prospère. En tant qu?opérateur économique, que vous inspire l?adhésion prochaine de l?Algérie à l?Organisation mondiale du commerce ? C?est peut-être une initiative intéressante, mais il faut penser à former des hommes pour répondre aux nouvelles exigences économiques. Par exemple, dans le domaine laitier, je constate qu?il n?existe aucune filière. Comment faites-vous pour recruter un personnel compétent ? On recrute et on forme nous-mêmes. Les produits laitiers sont très importants dans le cycle de consommation et je ne vois pas pourquoi on ne fonderait pas en Algérie un institut de formation dans les filières laitières, car il faut former les jeunes dans ce domaine qui ne cesse de se développer. Dans le domaine du sponsoring sportif, contrairement à certains de vos concurrents, vous êtes plutôt discret. Pourquoi ? C?est vrai que nous n?avons pas fait un grand tapage publicitaire, mais je dois vous dire que nous sponsorisons de petites équipes et surtout celles qui forment des jeunes. C?est ce que j?appelle du sponsoring utile et de proximité. Mais dans le futur, envisagez-vous de sponsoriser une équipe de l?élite ? Sincèrement, je ne sais pas, je me demande d?ailleurs si ce serait vraiment porteur qu?un club comme le MCA, la JSK ou l?USMA porte ma marque. En Europe, de nombreux chefs d?entreprise s?investissent dans le football professionnel. Cela vous dirait-il d?être un jour le président d?un club ? Il faudrait d?abord que nos clubs se professionnalisent complètement. Ensuite, je vous dirais qu?avec tous les problèmes que vit le football algérien, le poste de président n?est vraiment pas attirant. Et si on transformait les clubs de l?élite en de véritables sociétés par actions ? Oui, cela pourrait m?intéresser pour prendre des actions, mais diriger l?ensemble, ça ne me tente pas. Vous arrive-t-il d?aller au stade ? Non, je n?y vais plus depuis bien longtemps. Pourquoi n?avez-vous pas pensé à sponsoriser l?EN lors de la dernière CAN en Tunisie ? Pour la simple raison qu?aucune personne de la fédération n?est venue me le proposer. Et puis, c?est un type d?action publicitaire qui nécessite une longue réflexion et dans laquelle il ne s?agit pas de se lancer spontanément. Les enfants sont de gros consommateurs de fromage et ils s?identifient souvent à leurs idoles sportives. Quel est le joueur que vous souhaiteriez voir porter votre marque ? Pourquoi pas Zidane ? (rires). Enfin, plus sérieusement, je citerai un joueur dont la popularité a explosé depuis la dernière coupe d?Afrique des Nations et c?est bien Hocine Achiou, l?attaquant de l?USMA, qui a un bel avenir devant lui. Express - «Le Berbère» ? La qualité et le goût - Cheraga ? Une ville en pleine expansion - L?EN ? Ca piétine - Saâdane ? Le bon parcours à la CAN - Le MCA ? Le doyen - Achiou ? Un très bon joueur - Antar Yahia ? Superbe défenseur - El-Anka ? Le maître incontesté du chaâbi