Echéance - Quelque 48 millions d'Iraniens sont appelés aux urnes vendredi pour des élections législatives .3.444 candidats seront en lice pour briguer les 290 sièges du parlement. Craignant de voir les électeurs bouder les urnes, dirigeants et médias officiels iraniens ont multiplié les appels à participer au scrutin, le premier depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait entraîné des manifestations dans tout le pays et plongé la République islamique dans l'une des plus graves crises politiques de son histoire. La participation est la principale préoccupation du régime alors que les conservateurs sont assurés de continuer à dominer le Majlis. En allant voter, la population "doit montrer sa détermination à résister à l'ennemi", a affirmé ce matin le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, dans une allusion au bras de fer opposant Téhéran à la communauté internationale à propos de son programme nucléaire. Le président Ahmadinejad a appelé à la mobilisation pour "donner un parlement fort et populaire" au pays, tandis que le ministre de la Défense Ahmad Vahidi a souligné que "plus la participation sera élevée et plus la sécurité du pays sera renforcée". La participation aux législatives oscille traditionnellement entre 50% et 70%, et avait été de 55,4% lors de la dernière élection en 2008, selon les chiffres officiels. En l'absence de sondages fiables, plusieurs responsables ont pronostiqué une participation supérieure à 60% vendredi. La campagne officielle a largement ignoré les questions économiques et sociales, malgré une inflation de plus de 20% et un chômage officiellement estimé à 12%.. Les questions de politique étrangère n'ont guère été abordées, bien que les sanctions occidentales et l'isolement international croissant de l'Iran pèsent de plus en plus sur la vie quotidienne de la population, et qu'Israël ait menacé de frapper militairement les sites nucléaires du pays. Si 3.444 candidats ont été autorisés à briguer les 290 sièges du Majlis, la bataille va essentiellement se jouer entre des conservateurs divisés au sein d'une nébuleuse de coalitions de circonstance aux programmes très flous. L'un des deux principaux protagonistes est le "Front uni des conservateurs", proche de l'actuel président du Parlement Ali Larijani et du maire de Téhéran Mohammad Baqer Qalibaf, qui critique le président Ahmadinejad notamment sur son bilan économique et prône plus de "rationalisme" politique. Ce courant, qui domine le Parlement sortant, fait face à un "Front de la persistance de la révolution islamique" tout aussi conservateur, qui se présente comme le véritable défenseur de la ligne du guide suprême et dénonce la "mollesse" politique de MM. Larijani et Qalibaf. Cette coalition disparate défend le président Ahmadinejad tout en dénonçant son principal conseiller Esfandiar Rahim Mashaie, bête noire des conservateurs pour sa vision d'un islam ouvert et nationaliste.