Débat - Le livre reste un secteur problématique, avançant à petits pas, et ce, en dépit des nombreuses mesures entreprises par le ministère de la Culture en sa faveur. Lors d'une rencontre, hier, au Forum d'El Moudjahid, Rachid Hadj Nacer, directeur du Livre et de la Lecture publique au ministère de la Culture, a déclaré que l'Etat poursuit sa démarche, celle de promouvoir le livre et la lecture publique. Il a, toutefois, soulevé la problématique de la distribution : «Il s'agit d'une réelle préoccupation à laquelle les professionnels du livre sont confrontés», et qu'il faut résoudre pour parvenir à acheminer le livre à travers tout le territoire national, même dans les régions les plus reculées et dans localités les plus isolées. «Le réseau de la diffusion du livre est quasiment absent en Algérie, il est rudimentaire, voire le parent pauvre de la chaîne du livre», a-t-il souligné. Et de poursuivre : «Il s'agit là aussi d'une réelle préoccupation dans les démarches entreprises par le ministère de tutelle pour promouvoir le livre.» Rachid Hadj Nacer a, ensuite, indiqué que le ministère de la Culture prend au sérieux ce déficit et réfléchit de manière à y remédier. «Le ministère de la Culture, déclare-t-il, réfléchissait à la création d'une structure de distribution composée d'entreprises, publiques et privées, spécialisées dans l'édition et l'impression et ayant comme locomotive l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag).» Notons que le problème de la distribution ou de la diffusion a un impact négatif sur le marché du livre. «Le nombre de librairies répondant aux normes requises ne dépasse pas la quinzaine sur l'ensemble du territoire algérien», a-t-il déclaré, et de déplorer : «C'est vraiment là un chiffre très faible. Le réseau de librairies n'arrive pas à se développer, parce que ceux qui exercent le métier de libraire ne peuvent plus en vivre, et ce, en raison notamment des loyers exorbitants pratiqués par les propriétaires de ces fonds de commerce.» Ainsi, Rachid Hadj Nacer, qui regrette cette partie de la réalité du livre, reconnaît que cela pose un véritable problème. Pour promouvoir davantage le livre et développer la lecture publique, Rachid Hadj Nacer rappelle les initiatives entreprises par les instances concernées, à savoir les bibliobus, qui, depuis 2011, sillonnent, l'ensemble des 48 wilayas, notamment les localités défavorisées. Concernant le projet de «Une bibliothèque par commune», le conférencier dira que «le projet est en bonne voie». Il a, en outre, affirmé que «450 bibliothèques de lecture publique seront réalisées dans toute l'Algérie à l'horizon 2014». S'exprimant par ailleurs sur l'application du protocole signé en 2010 entre les ministères de la Culture et de l'Education nationale pour inscrire la lecture dans le cursus du primaire, moyen et secondaire de l'éducation, Rachid Hadj Nacer dira : «Le comité chargé de la mise en place des modalités d'application de la nouvelle stratégie de lecture dans les établissements scolaires est en plein travail.» - Rachid Hadj Nacer estime que malgré toutes les difficultés que connaît le livre, il y a un engouement de la part du lectorat algérien pour le livre. «Les trois festivals internationaux organisés par le ministère de la Culture que sont le Salon international du livre d'Alger (Sila), le Festival du livre (Feliv) et le Festival international de la bande-dessinée d'Alger (Fibda) nous ont montré l'avidité de l'Algérien pour la lecture.» C'est dans ce contexte que l'intervenant a insisté sur la nécessité de délocaliser ce genre de manifestation pour en faire bénéficier d'autres régions du pays. «Ces festivals doivent être éclatés sur d'autres villes, à l'image de Constantine, Tlemcen et plein d'autres», préconise-t-il.Rappelons qu'un festival récemment institutionnalisé, à savoir «Lire en fête» consacré aux enfants est itinérant. Il se tient dans les différentes wilayas. S'exprimant sur le projet du Centre national du livre dont le décret a été validé en 2009, Rachid Hadj Nacer dira : «Ce centre dépend également d'autres instances. Pour l'instant, nous sommes en train de débattre la classification de ce centre national du livre et c'est en bonne voie. Nous voulons une classification qui nous permette un encadrement performant, de haut niveau.» Notons que le siège provisoire du CNL se trouve à la Bibliothèque nationale Frantz-Fanon, en attendant la réalisation du siège définitif dans un délai de deux ans.