Grotesque - Ce qui se passe, depuis un bon moment au Mouloudia d'Alger, autour de l'éventuelle arrivée de l'investisseur franco-algérien Eddir Loungar, a pris des allures à la limite du ridicule. C'est vraiment dommage pour l'image d'un grand club ! Heureusement que le ridicule ne tue pas, comme on dit ! Car, sinon on serait tous morts de… rire en écoutant et en lisant tout ce qui se dit sur le Mouloudia d'Alger en ce moment, avec ces histoires de bilan comptable de l'exercice 2011 qu'il faudrait préparer au plus vite et remettre à Eddir Loungar. Tout d'un coup, tout le monde est devenu expert en finances et comptabilité en donnant au bilan que doivent préparer les responsables de la société qui gère l'équipe senior de football du MCA des allures extravagantes dignes d'un film hitchcockien, oubliant qu'un bilan est un document officiel et qui doit être précédé par un arrêt et une clôture annuelle des comptes qui ne se limite pas à produire un bilan et un compte de résultat, mais aussi un rapport de gestion plus une annexe analysant et détaillant les principaux postes et les comptes d'actif et de passif. Première question : est-ce que les membres du Conseil d'Administration de la SSA (et non pas SPA) ont arrêté les comptes de l'exercice précédent ? Personne n'a répondu à cette interrogation. Seconde question : est-ce qu'au MCA on est passé du système du PCN (plan national comptable) au SCF (système comptable financier), comme l'exige la réglementation ? Non ! On suppose donc que le bilan qui sera produit n'est pas conforme à la réglementation qui exige des entreprises et autres sociétés d'adopter le nouveau système. Par ailleurs, affirmer qu'un commissaire aux comptes prépare un bilan, est une énormité vu que ce professionnel agréé est un acteur extérieur à la société ayant un rôle de contrôler la sincérité et la régularité des comptes annuels établis par celle-ci et donner une image fidèle du résultat, des finances et du patrimoine de ladite société. Deuxième question : comment un responsable d'une section football, en l'occurrence Omar Ghrib, peut-il se substituer à un président du conseil d'administration, Abdelkader Bouharoua, en affirmant que le bilan sera remis le jeudi 22 mars à Eddir Loungar ? C'est vraiment le côté loufoque et folklorique du MCA qui s'exprime. Le qui fait quoi au Mouloudia n'étant jamais réglé, en l'absence d'un organigramme et d'une distribution des tâches, c'est tout le monde qui peut s'exprimer sur un sujet aussi important comme la reprise d'un club ! Autre histoire à dormir debout, c'est cet empressement à remettre un bilan à un repreneur potentiel, comme s'il s'agissait d'un banal document alors que l'examen des comptes de l'année précédente doit faire l'objet d'une assemblée générale ordinaire (AGO) des actionnaires puisque c'est le seul moment où les dirigeants (membres du conseil d'administration) doivent rendre des comptes à leurs actionnaires. On se pose déjà une autre question : comment et dans quelles conditions Loungar pourra se prononcer sur des documents qui n'ont pas encore reçu l'aval de toutes les parties réglementaires (certification du commissaire aux comptes, membres du conseil d'administration, AGO, dépôt légal au CNRC, …) ? L'énigme Et Drif dans toute cette histoire ? A lire et à entendre les déclarations des uns et des autres dans la presse, on comprend vite que la gestion au niveau du club doyen est une affaire d'amateurs et de bricoleurs. Autres questions : quel est le rôle véritable de Drif Abdelkader, qui n'est dans aucun organe actuel du MCA ni du CSA ? Pourquoi Loungar est-il aussi pressé alors que dans de tels dossiers, la sagesse et la prudence font qu'un repreneur prenne le temps nécessaire pour étudier et examiner l'affaire ou le projet ? Pourquoi certains dirigeants jouent-ils aux à-plat-ventristes en déroulant plus qu'un tapis rouge à Eddir Loungar qui commence à donner des ordres alors qu'il n'est pas encore le patron ? Est-ce pour qu'ils prennent toutes les dettes du club, y compris les plus douteuses ou celles non éligibles ? Autant de questions et d'autres qui taraudent l'esprit des authentiques supporters du MCA qui en ont marre de voir leur club traîné dans la boue. Le bilan Chiffres négatifs pour 2010 La société Le Doyen a clôturé l'exercice 2010, qui n'a duré en fait que quatre mois, avec un résultat négatif et une dette constatée du commissaire aux comptes de 120 millions de dinars (12 milliards de centimes). Il faut dire que les dettes du Mouloudia sont problématiques et n'ont pas bénéficié d'une bonne gestion, comme celles de Robert Nouzaret (90 000 euros), Richard Tardy (3 000 euros), le Stade Malien (25 000 euros), le TAS de Lausanne (14 925 euros) sans compter l'actuel François Bracci, le manager général Fayçal Badji et d'autres joueurs qui ne cessent de réclamer leur argent par voie de justice. Aujourd'hui, et après la clôture de l'exercice 2011, le montant de la dette du club avoisinerait les 30 milliards de centimes. Autre indicateur qui renseigne sur le niveau de gestion au MCA, c'est la comptabilité qui n'a pas encore basculé du PCN (plan comptable national) au SCF (système comptable financier). La raison : le club n'a pas pu acquérir le logiciel nécessaire, alors qu'il a fait signer un contrat de 1,7 milliard de centimes pour le gardien Fawzi Chaouchi ! La réalité Un capital jamais ouvert Lors de la création de la société Le Doyen, le capital social a été fixé à 1 million de dinars, soit le minimum exigé par la législation. Ensuite, il a été procédé, par le biais d'un commissaire aux apports, Me Foufa de Blida, à l'évaluation du club à hauteur de 750 millions de dinars (75 milliards de centimes). Seulement, ce montant n'a pu être intégré dans le capital social du club car la loi de finances complémentaire 2010 exige que la moitié de ce montant soit versée au Trésor public et que le club n'a pas les finances nécessaires pour le faire. Quant à l'ouverture du capital, annoncée à plusieurs reprises, celle-ci bute sur certaines réticences, voire la nécessité d'ouvrir un nouveau compte bancaire. Les dirigeants du MCA ont toujours estimé que cela allait se faire et permettre ainsi aux supporters et autres opérateurs intéressés de prendre des parts dans le club. Pour l'instant, la société Le Doyen, qui ne possède même pas d'organigramme et dont le président du conseil d'administration Bouharoua a souvent annoncé sa démission avant de se rétracter, s'apprête à céder plus de 66,50% des parts du capital à Eddir Loungar. Du CSA, à la SARL… à la SPA Le MCA n'est pas au bout de ses peines A l'instar des autres clubs algériens, et suite aux exigences édictées par l'instance internationale, la FIFA en l'occurrence, le Mouloudia d'Alger a été amené, durant l'été 2010, à se mettre au mode professionnel avec l'obligation de respecter les clauses du cahier des charges qui lui était soumis. Au départ, l'assemblée générale avait décidé d'opter pour une SARL, comme le rappelle M. Abdelouahab Kamel, actuel directeur général de la Société par Actions : «Effectivement, en fonction des possibilités du club de l'époque on avait décidé de créer une SARL, une entité plus facile à gérer sur le plan technico-juridique. Ensuite, en fonction de l'expérience acquise, on envisageait de passer à la forme SPA. Mais une correspondance de la FAF ayant exigé de tous les clubs la création d'une SPA, nous obligea de passer sous cette forme». C'est ainsi que les Mouloudéens sont passés chez le notaire pour créer la Société Sportive Action (SSA) Le Doyen (et non pas SPA), comme cela est renseigné dans le registre de commerce obtenu en août 2010. Mais au MCA, on est toujours convaincu que les pouvoirs publics ont précipité les choses, sous la pression de la FIFA, et n'ont pas donné du tout le temps aux clubs pour se préparer. «Les pouvoirs publics ne devaient pas se précipiter, mais plutôt jauger des capacités des uns et des autres avant de s'embarquer dans l'aventure du professionnalisme. Il fallait opter pour une dizaine de clubs, par région ou par grande ville, avec un accompagnement durant trois ans au moins, avant d'étendre le projet à d'autres formations», expliquait Abdelouahab. Toujours est-il que le MCA est devenu «professionnel» et s'est engagé à honorer certaines obligations, pas toutes évidemment, comme les déclarations fiscales avec le dépôt légal mensuel des G50, mais sans paiement des impôts puisqu'il n'y a pas d'activités ! La société est exonérée de TVA, quant au paiement de l'IRG sur les salaires, il se fait selon le barème en vigueur. Sur le plan parafiscal, le Mouloudia se contente de régler seulement la part sociale (9%) et pas encore la part patronale (26%). Il faut savoir que la société Le Doyen a changé son registre de commerce à trois reprises afin de passer d'un seul code, lui permettant la vente d'articles de sports, d'organiser des matchs de galas et de spectacles, mais à trois, lui donnant la possibilités d'agir en société commerciale avec un éventail d'activités plus élargi.