Les Algériens sont de bien curieux personnages. Ma foi, ils se sont intéressés et passionnés pour la présidentielle française bien plus qu'il n'est de raison. Cela est d'autant plus désolant, et c'est bien le cas de le dire, que cela se passe au moment même où des milliers de candidats et de chefs de chapelle, bien à nous, bien de chez nous, s'échinent, contre vents et marées, à battre le pavé, à mener campagne et à expliquer comment ils voient l'Algérie de demain, sans arriver à intéresser grand monde. Il n'est pas dans les propos d'expliquer le pourquoi du comment dans cette chronique. Il y a quand même de quoi perdre son latin lorsque même les partis au pouvoir se mettent à critiquer celui-ci et à promettre, eux aussi, monts et merveilles. Bref, la politique est certes l'art du possible, et celui du mensonge, mais il y a quand même des limites qu'il serait bon de ne pas dépasser. Allons pour cette fois-ci. Les Algériens se sont réveillés groggys par le discours de Sarkozy, même pas Français de souche. Il accuse les étrangers de certains maux. C'est comme si c'était uniquement nos compatriotes qui sont directement concernés par ce discours «Lepéniste». Allons bon ! Pourquoi s'évertuer à cacher le soleil avec un tamis et, plus encore, à se mentir à soi-même, comme si les politiques ne le faisaient pas assez. Sarko, pour se faire élire, est forcé de jouer la fibre sécuritaire, car le Français se sent de moins en moins en sécurité dans sa propre demeure. C'est légitime et cela fait partie de l'art du possible. Sarkozy, pas pire qu'un autre, sait bien qu'il lui est aussi impossible d'en finir avec ces difficiles jeunes de banlieue qu'avec ces vieilles histoires qui la poursuivront aussi longtemps que la terre poursuivra ses révolutions autour du soleil, et même au-delà peut-être. Et puisqu'on parle d'histoire, il est tout aussi curieux que regrettable de voir que les Algériens viennent brusquement de trouver les socialistes particulièrement sympathiques. Ils oublient que ce sont eux qui ont eu le plus de sang algérien sur les mains du temps de la colonisation. Ils oublient que ce sont les socialistes qui font copain-copain avec les sionistes alors que les Gaullistes, eux, avec leur air de «Je vous ai compris», savent bien souvent composer avec les Arabes et les Musulmans, comme l'a prouvé Jacques Chirac. Alors, que chacun veuille spéculer et tirer des plans sur la comète, passe encore, mais que l'on ne s'avise quand même pas de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Les politiques qui nous entourent y suffisent bien assez. Ils sont capables de nous faire avaler n'importe quelle couleuvre, puisque l'histoire retient que les politiques en Algérie excellent dans la manipulation et dans l'art de transformer des vessies en lanternes. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.