Chaque jour les journaux annoncent la prise d'importants lots de pétards – Il faut écrire produits pyrotechniques –, mais nous, nous nous en tiendrons à cette littérature populaire qui appelle les choses par leur nom le plus usuel, même si cela évoque une brûlante actualité : pétards, fusées, bombes double-mèche, feux d'artifice... Ce sont là les termes de ce marché national qui s'installe dès que le Mouloud annonce ses quartiers. Mais alors comment donc font tous ces produits chinois pour atterrir sur les étals des revendeurs puisque leur commercialisation est strictement interdite ? Il y a bien un itinéraire qu'ils ont dû suivre, tous ces cartons importés à coups de containers et qui ont atterri dans nos ports ? C'est qu'il y a des sommes faramineuses et tout l'appareil répressif déployé peut s'avérer impuissant à juguler cet énorme trafic. D'autant plus que le délit est conjoncturel, c'est-à-dire que la fête ne va durer que quelques jours en atteignant son pic la veille du Mouloud avec sont lot de brûlés évacués aux urgences... Et rideau ! Cette tradition qui remonte quand même à très loin, fait de la résistance aux interdits. Et il est extrêmement difficile d'imaginer le policier, chargé de saisir la marchandise, de priver ces enfants de faire la fête en expédiant des fusées en poussant des cris de joie. Alors arrêtons de nous voiler la face et surtout nous autres, scribes, qui sommes les premiers à disserter sur les dangers de la pyrotechnie sans dénoncer les barons des pétards qui s'en mettent plein les poches en deux temps trois mouvements. A l'occasion, on se bouche le nez, les oreilles et on se voile les yeux du côté de nos frontières pour laisser passer ces produits, juste pour le plaisir des chérubins. Alors bonne fête les enfants. Faites attention à ne jeter les pétards que sur ceux qui se voilent la face, ferment les yeux, se bouchent le nez et les oreilles. Enfin de quoi je me mêle? Khelli l'bir beghtah.