Benhamouda, l'UGTA a traversé les écueils et réussi à «faire de la politique» lorsque bien des analystes et des observateurs lui en déniaient le droit : que ce fut durant la Guerre de libération nationale ou pendant cette sanglante décennie, le syndicat a «outrepassé» ses fonctions de revendicateur social pour se placer aux avant-postes du combat pour le pays. Rappelons-nous le cri lancé ce 22 mars 1993 par le charismatique Benhamouda qui, au plus fort des horreurs terroristes, s'adressa à la foule nombreuse de manifestants en déclarant que «l'Algérie qui avait refusé la France ne pouvait accepter l'Iran». Il endossera, avec conjoncture, le costume de leader politique beaucoup plus que celui de premier responsable syndicale. Autres temps, autres mœurs : aujourd'hui l'UGTA s'est discréditée aux yeux de beaucoup de travailleurs et l'on rappelle, ici et là, qu'elle a applaudi lors de l'adoption de la fameuse loi sur les hydrocarbures, que ses leaders et le premier d'entre eux a été cité dans l'affaire de Khalifa et qu'au bout du compte, elle a perdu une bonne partie de ses adhérents attirés par des syndicats autonomes plus offensifs et surtout plus représentatifs par rapport à cette «aristocratie ouvrière» qui siège au niveau de la place du 1er-Mai. Même la presse est interdite d'accès sur l'esplanade pour couvrir certains événements, comme la grève de la faim des travailleurs de l'Etusa et des douanes algérienne. Aujourd'hui on se perd dans les couloirs de cette organisation syndicale, dont les bureaux sont hermétiquement fermés et les couloirs tristement vides. Le constat est là, les travailleurs se font de plus en plus rares à venir prendre la température. L'immense déception de ces derniers et leur adhésion à des syndicats parallèles qui brassent large et qu'il aurait été élégant et sportif de reconnaître leur haut degré de représentativité et de prise en charge de leurs problèmes socioprofessionnels. Nous avons beau claironner qu'il faut «ouvrir les portes aux jeunes syndicalistes et donner de l'espoir aux travail-leurs» . Maintenant que la centrale Ugta a loué les services d'une entreprise de gardiennage, chargée de faire la chasse aux «curieux» que nous sommes, il ne reste aux travailleurs que leurs yeux pour pleurer. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.