La publicité de l'époque le disait «insubmersible» : cent ans après son naufrage, le «Titanic» refait surface, avec la version 3D du film de James Cameron de 1997, mais aussi une fiction télévisée britannique vendue dans 86 pays et un florilège de livres. «Peu de catastrophes retiennent autant l'attention à notre époque -il y a Pompéi- et puis le «Titanic», a observé Julian Fellowes, auteur d'un «Titanic» en 4 épisodes pour la télévision privée ITV. «Ce paquebot a toutes les caractéristiques d'une société trop sûre d'elle en route vers le désastre», a-t-il commenté, allusion au déclenchement, deux ans plus tard, de la Première Guerre mondiale. Fellowes a tout du «titano-maniaque» : déjà, sa fiction vedette Downton Abbey, vendue dans plus de 150 pays, débute par le naufrage du «Titanic». Il n'est pas le seul, si l'on en croit la masse d'ouvrages publiés pour le centième anniversaire au Royaume-Uni, d'où est parti le «Titanic» pour son voyage inaugural. Le 10 avril, de Southampton. «Cela se vend très bien, surtout cette année, la fascination ne se dément pas», assure un vendeur de la vénérable librairie Hatchard's à Londres. Pour les amateurs de rêve, le petit «guide du passager» de John Blake, ancien officier de marine (éditeur Conway), fournit le parfait mode d'emploi du paquebot, de la promenade couverte -une première- aux bains turcs, en passant par le «café français» et la salle de gymnastique, pourvue d'un cheval et d'un chameau (!) électriques. Là où James Cameron raconte le fossé entre classes sociales et le sacrifice de ceux de la 3e classe dans son film «Titanic», l'historien Richard Davenport-Hines décrit une réalité plus nuancée («Titanic Lives», Harper Press). Des milliardaires sont morts : Benjamin Guggenheim refusa d'embarquer dans un canot pour laisser sa place aux femmes et s'habilla pour la soirée, résigné à mourir en homme. Parmi les survivants, des photographes amateurs ont fourni les illustrations du beau livre Titanic in Photographs (The History Press). Frank Browne a multiplié les clichés, de la salle du petit déjeuner au pont où un garçonnet joue à la toupie. Ses clichés ont été par chance préservés : il est descendu à Queenstown (en Irlande) trois jours avant le naufrage.