Bilan - Une semaine après l'entame officielle de la campagne électorale en prévision des législatives, les représentants des partis politiques en lice, de même que les candidats indépendants, n'arrivent toujours pas à drainer les foules. Leur passage dans bon nombre de régions du pays seraient passés inaperçus si la Télévision algérienne ne prenait pas le soin de transmettre des séquences de «bain de foule» des partis lors de leurs rassemblements respectifs. Les citoyens ont carrément boycotté la campagne électorale. Tout comme le président de la Commission nationale de surveillance des élections législatives, certains des représentants de ces partis en lice le reconnaissent. «J'ai pris part à beaucoup de rassemblements de mon parti un peu partout dans le pays. C'est regrettable, mais on ne peut pas occulter certaines réalités : les citoyens ont bel et bien affiché une indifférence totale quant aux discours électoraux prononcés ici et là», a indiqué un député sortant, proche de la direction du Parti des travailleurs (PT). Et d'ajouter : «Parfois, on pouvait compter les «présents» par centaines, or, dans beaucoup de régions connues comme étant acquises au PT lors des précédentes campagnes, ils étaient des milliers à prendre part aux meetings. Idem du côté du doyen des partis algériens.» Le FLN ne mobilise plus comme avant. «Dans certaines localités, on a dû opter pour des petites salles par crainte de ne pas faire le plein dans d'autres pouvant contenir des milliers de personnes», a avoué un militant de ce parti. Selon lui, même si cela était prévisible, la crise que traverse actuellement le parti, a fait que «même des militants de longue date préfèrent attendre la dernière minute pour voir plus clair». Pour leur part, les citoyens sont unanimes. «Ce discours, c'est du déjà entendu. Ils ne cessent depuis l'indépendance de nous hypnotiser avec leur baratin. Il est temps que tous les candidats se rendent compte que rien n'est plus pareil. L'époque de sillonner les villes et quartiers scandant les noms des candidats est révolue», ont-ils affirmé. «La gestion chaotique des récentes intempéries, l'incapacité affichée quant à une régulation des marchés, l'inexistence quasi constante d'un contrôle rigoureux des prix exercés par les commerçants, ont fait que le citoyen ne cherche qu'à subvenir aux besoins de sa famille», a soutenu Samir, ingénieur en hydrocarbures au chômage. Les panneaux d'affichage offrent à eux seuls une piste de lecture qui ne manque pas d'enseignements. Ces panneaux vides ne sont utilisés par les citoyens qui y trouvent un support idéal pour transcrire leurs états d'âme par rapport à ces législatives. Ceci dit, une fois de plus, l'abstention plane. Une hantise même, clairement affichée par les pouvoirs publics. Elle est même considérée comme étant «la vraie menace» par le ministre de l'Intérieur. «On ne peut pas obliger les gens à aller voter», a déclaré Daho Ould Kablia, hier samedi, sur les ondes de la Radio nationale.