Résultat - Le socialiste François Hollande est élu président de la République française avec 51,62% des voix, alors que Sarkozy n'a obtenu que 48,38%. Après 24 ans d'absence, la gauche revient au pouvoir. A 57 ans, celui que personne n'attendait, qui n'a jamais exercé de responsabilité ministérielle et était donné battu même au sein de sa famille politique, va accéder à l'Elysée. La passation de pouvoirs devrait avoir lieu le 15 mai. Entre appréhensions et espoirs, il aura fort à faire afin de faire valoir sa nouvelle version de la politique française, notamment vis-à-vis de ses voisins directs européens mais aussi ses autres partenaires de par le monde. Ainsi, pour son premier discours de président de la République, François Hollande s'est rendu sur la place de la cathédrale de la ville de Tulle qu'il a dirigée comme maire. «Je m'engage à servir mon pays avec le dévouement et l'exemplarité que requiert cette fonction», dira-t-il d'un ton grave. Il a rendu hommage à son prédécesseur comme la coutume le veut. «J'adresse un salut républicain à Nicolas Sarkozy, qui a dirigé la France pendant cinq ans et qui mérite à ce titre tout notre respect.» Il adressera, en outre, quelques mots à ceux qui n'ont pas voté pour lui : «Qu'ils sachent bien que je respecte leur conviction et que je serai le président de tous. Il n'y a pas deux France qui se font face, il n'y a qu'une seule nation réunie dans le même destin.» Il posera ensuite les bases de ce dont il doit s'occuper. L'éducation vient en premier : «Aucun enfant de la République ne sera laissé de côté, abandonné, discriminé.» «Sarkozy avait demandé en 2007 à être jugé sur le taux de chômage et la réduction de la pauvreté. Je veux être jugé sur deux engagements majeurs, la justice et la jeunesse», lancera-t-il. «Chacune de mes décisions se fondera sur deux critères : est-ce juste, est-ce vraiment pour la jeunesse ? Au terme de mon, mandat je ne regarderai que ça.» Il conclura sur sa vision du «rêve français», «il est notre histoire, notre avenir, il s'appelle le progrès. Je veux donner à nos enfants une vie meilleure que la nôtre.» Il ajoutera dans un ton solennel : «Le 6 mai doit être une grande date pour la France un nouveau départ pour l'Europe, une grande espérance pour le monde.» Quelle place pour Sarkozy ? Lors de son discours devant ses militants à la Mutualité hier soir, Nicolas Sarkozy aura des mots pour le moins flous. «Une autre époque s'ouvre. Dans cette nouvelle époque, je resterai l'un des vôtres. Vous pourrez compter sur moi pour défendre nos valeurs. Ma place ne pourra plus être la même.» Il a poursuivi : «Mon engagement sera désormais différent. Je m'apprête à redevenir un Français parmi les Français.» En janvier dernier, celui qui était président-candidat avait confié aux journalistes lors d'un voyage en Guyane qu'il arrêterait la politique en cas de défaite : «Vous ne me verrez plus», avait-t-il dit. Le retrait d'Afghanistan avancé de 2 ans François Hollande souhaite que la France retire ses soldats d'Afghanistan avec deux ans d'avance, soit fin 2012 et non pas fin 2014. «Je considère que, sans prendre le moindre risque pour nos troupes, il convient de retirer les troupes combattantes fin 2012», avait-il déclaré le 2 mai. «J'annoncerai cette décision dès le sommet de l'Otan de Chicago pour que nous engagions ce processus. Je le ferai en bonne intelligence avec nos alliés», a-t-il récemment souligné. Erdogan : «Sarkozy partira en vacances» Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé s'attendre à des changements dans les relations turco-françaises après l'élection du socialiste François Hollande à la présidence française. «Nous espérons que la nouvelle période en France sera très différente de la précédente dans les rapports turco-français», a-t-il dit hier soir aux journalistes à Ankara. Concernant le Président sortant, Nicolas Sarkozy, très impopulaire en Turquie parmi le gouvernement et l'opinion publique à cause notamment de son opposition à une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, M. Erdogan a indiqué qu'il n'avait plus d'autre option que «de partir en vacances». «M. Sarkozy avait promis de ne plus continuer en politique. Il n'a plus d'autre choix. Il partira sans doute en vacances», a-t-il ajouté. La communauté algérienne de Toulouse et de Bordeaux jubile La ville de Toulouse a connu une ambiance de joie et de fête dès l'annonce de la victoire du socialiste François Hollande. Les sons des klaxons et les cris de joie qui fusaient des files interminables de véhicules conduits par les partisans et électeurs de M. Hollande, sont venus rompre le calme qui singularise habituellement le week-end dans une ville française comme Toulouse. Rassemblés à la place du Capitole, au centre ville, des centaines de Toulousains, d'horizons divers, ont exprimé ensemble leur bonheur de voir «enfin» leur candidat arriver à l'Elysée. Par ailleurs, la communauté algérienne établie à Bordeaux a jubilé et exprimé sa joie, hier soir, aux côtés des membres de la communauté maghrébine, après l'annonce officielle des résultats des élections. Dans le quartier Saint Michel qui regorge de cafés populaires fortement fréquentés par la communauté maghrébine à majorité algérienne, la victoire de Hollande est le seul sujet de discussion, et on entendait des cris ici et là, invitant à une tournée de boisson pour fêter l'événement. Tous les Algériens binationaux interpellés n'avaient pas caché leur option pour le candidat de gauche, dans l'espoir d'un «renouveau pour la France où ils vivent mais aussi pour un changement favorable aux ressortissants, arabes, musulmans, mais surtout algériens», selon leurs propos. Les félicitations de Bouteflika «A l'occasion de votre élection en qualité de président de la République française, j'ai le plaisir de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, nos chaleureuses félicitations ainsi que mes voeux de succès dans l'accomplissement des hautes charges dont vous venez d'être investi», a écrit le Président Bouteflika dans un message de félicitations adressé à François Hollande. «Je veux également vous exprimer ma pleine disponibilité à œuvrer, avec vous, en faveur d'une coopération algéro-française qui soit à la hauteur des potentialités des deux pays et en adéquation avec la dimension humaine de nos relations et du partenariat d'exception que nous ambitionnons de construire», a ajouté notamment le chef de l'Etat. Gouvernement : Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry favoris Sous la surveillance des marchés et sans pouvoir espérer d'état de grâce, le président élu français, François Hollande, travaillait ce lundi à la formation de son gouvernement et prenait des contacts au niveau européen pour faire avancer l'idée d'un pacte de croissance. M. Hollande doit travailler à la formation de son gouvernement, notamment au choix de son Premier ministre. Jean-Marc Ayrault et la patronne du Parti socialiste Martine Aubry sont donnés favoris pour diriger le premier gouvernement de François Hollande. C'est ce gouvernement qui ira à la bataille des élections législatives des 10 et 17 juin pour «confirmer, amplifier» la victoire de François Hollande, espère la gauche. La droite, de son côté, met en garde contre une concentration excessive du pouvoir entre les mains des socialistes. La France est régie par un système présidentiel à forte composante parlementaire, dans lequel le chef de l'Etat doit disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale pour pouvoir gouverner. Dans le cas contraire, c'est le Premier ministre qui est le personnage clé de l'exécutif.