Rencontre - Un colloque se tient depuis hier au centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou sous le thème : «Actualité sur le suicide et les tentatives de suicide en Algérie, perspectives et prise en charge.» D'après les chiffres communiqués par la Gendarmerie nationale, 335 suicides et 1865 tentatives ont été enregistrées durant l'année 2011. Le phénomène du suicide est donc en nette progression au niveau national. Les chiffres font également ressortir que le sexe féminin enregistre le plus grand nombre de tentatives de suicide avec 640 cas, ce qui représente 77 % du taux global, alors que le sexe masculin a enregistré 249 tentatives. Les wilayas les plus touchées sont Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Tlemcen, Oran, Skikda et Mila. C'est ce qui ressort de la première journée du colloque auquel prennent part de nombreux professeurs et médecins spécialistes algériens venus de différentes wilayas du pays, dont Alger, Oran, Batna ainsi que des spécialistes français. Et selon le bilan présenté par le directeur général du CHU de Tizi Ouzou, le professeur Ziri, la wilaya de Tizi Ouzou est en tête à l'échelle nationale avec un triste palmarès. Dans son allocution présentée sous le thème «Profil clinique et épidémiologique des tentatives de suicide dans la wilaya de Tizi Ouzou», le professeur Ziri a présenté des chiffres effarants faisant état de pas moins de 889 cas de tentatives de suicide durant une période de 60 mois et demi. Rien que pour le premier semestre de l'année en cours, 26 personnes ont mis fin à leurs jours à Tizi Ouzou, est-il malheureusement constaté. La tranche d'âge la plus touchée par le phénomène, est celle allant de 16 à 23 ans avec un nombre de 443 cas. Cette même étude révèle qu'un taux de 73,22 % des cas est enregistré chez les sujets vivant dans des habitations collectives, et 62 % chez les sujets vivant dans de bonnes conditions. Quant au mode de suicide le plus utilisé chez les deux sexes, il demeure la pendaison. Le docteur Jean-Marc du CHU Limar de France a choisi, pour sa part, d'intervenir sur le thème «Veut-on et peut-on prévenir le suicide ?» Il fait ressortir que «les 12 000 cas de personnes qui mettent fin à leurs jours, c'est deux fois plus que le nombre de personnes qui décèdent par le sida et trois fois plus par accidents de la route». Par ailleurs, l'orateur a suggéré un certain nombre de mesures pour lutter contre ce phénomène, à commencer par la formation des médecins agréés à la crise suicidaire, rendre moins accessibles les moyens létaux dont les armes à feu et autres, soigner les malades mentaux, suivre les cas de tentatives de suicide, organiser des journées de prévention comme cela se fait en France, mais aussi former des agents de santé primaire. A signaler enfin que le but principal de ces journées d'étude est d'analyser ce qui est considéré aujourd'hui dans notre pays comme «un véritable problème de santé publique de par les pertes humaines qu'il engendre, mais aussi des problèmes socio-psychologiques qu'il reflète», selon les docteurs Mansoura et Hammouda de l'établissement hospitalier spécialisé d'Oran. Concernant la wilaya de Tizi Ouzou, le Pr Abbes Ziri, psychiatre et DG du CHU de Tizi Ouzou, a expliqué que c'est durant les années 1999 et 2000 que les plus forts taux de suicide ont été enregistrés avec respectivement 93 et 101 cas. Présentant une rétrospective des cas sur la période allant de 2007 à 2012, le même intervenant a indiqué que les cas de suicide enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou sont de 78 en 2007, 54 en 2008, 42 en 2009, 67 en 2010, 64 en 2011 et 26 depuis le début de l'année 2012 au 31 mai écoulé.