Des sp�cialistes de la sant� mentale venus de plusieurs CHU et �tablissements sp�cialis�s du pays, auxquels se sont joints d�autres psychiatres venus de France, ont, dans deux rencontres qui se sont tenues au CHU de Tizi-Ouzou et � l�EHS de Oued A�ssi, dans la journ�e d�hier, pass� en revue le ph�nom�ne du suicide. Il s�agit pour les participants � ces deux conclaves de r�pondre aux nombreuses questions inh�rentes � ce probl�me de sant� publique qui suscite beaucoup d��inqui�tudes au sein de la soci�t� et qui reste tr�s peu vulgaris� et m�connu du grand public, malgr� l�emballement m�diatique que soul�ve r�guli�rement la survenue d��v�nements suicidaires. Un aspect du probl�me qui a �t� abord� durant la rencontre organis�e � l�h�pital psychiatrique d�Oued A�ssi, tour � tour, par le Pr Kacha, de l�EHS Boucebsi de Ch�raga, et par le docteur Boudar�ne, psychiatre exer�ant dans le secteur priv� � Tizi-Ouzou. Le professeur Kacha, qui a pr�sent� une approche introductive sur le suicide, n�a pas manqu� de mettre en garde sur les dangers et les d�rives d�une m�diatisation excessive du suicide qui m�rite, selon lui, un traitement sp�cifique de la part des journalistes. Le docteur Boudar�ne, pour sa part, reviendra sur la narration dans les journaux des faits suicidaires durant la derni�re d�cennie dans la wilaya de Tizi-Ouzou. L��vocation fr�quente du suicide dans cette wilaya trouve son explication dans l�importance de la couverture m�diatique dans cette wilaya o� la majorit� des quotidiens nationaux disposent d�un correspondant, selon le psychiatre qui battra en br�che les th�ses et explications r�currentes sur l�attrait au suicide de la population locale en raison d�un d�ficit de religiosit�. Une id�e que d�veloppera le docteur D. Ben Abdellah, psychiatre � l�EHS de Oued A�ssi. Dans sa communication, le praticien tentera de faire le tri entre la r�alit� et la part du mythe tiss� par beaucoup d�intervenants pour expliquer le suicide en Kabylie et, en particulier, dans la wilaya de Tizi-Ouzou o� les journaux ont cru percevoir une forme de revendication politique derri�re la multiplication, depuis quelques ann�es, d��v�nements suicidaires. Dans une p�riode de crise politique ou sociale, le sujet potentiellement suicidaire diff�re le passage � l�acte, en inscrivant son mal-�tre dans une d�marche collective de contestation, selon le docteur Boudar�ne pour qui la multiplication des �meutes en Alg�rie est une situation susceptible de favoriser le recul du passage � l�acte suicidaire. S�agit-il d�un suicide ? Y a-t-il d�sir de mort derri�re l�acte de s�immoler ? Des questions qui sont pos�es dans le d�bat pour expliquer un ph�nom�ne qui commence � prendre beaucoup de place dans l�actualit� et le d�bat public. Autre question br�lante de l�actualit�, le suicide des enfants et la perception qu�ont ces derniers de la notion de mort est un sujet abord� par le docteur N. Boulasel-Nadir de l�EHS Frantz- Fanon de Blida. Le suicide et la tentative de suicide et l'aspect �pid�miologique et statistique ont �t� au menu de la rencontre abrit�e par le CHU de Tizi-Ouzou. L��tude faite par le professeur Semaoun et le docteur Bourriche de l�h�pital central de l�arm�e sur les tentatives du suicide par arme � feu explique celles-ci, en premier lieu, par les disponibilit�s des armes en milieu militaire. �Le suicide par arme � feu constitue un des moyens les plus potentiellement l�taux et a la forte potentialit� de l�sions physiques, tant au niveau du visage, avec les s�quelles neurologiques et esth�tiques, li�es � la d�figuration au niveau du thorax et l�abdomen�. Selon ces deux psychiatres, une formation continue, destin�e aux m�decins des unit�s et des h�pitaux, s�impose. Si la wilaya de B�ja�a est la plus touch�e par le ph�nom�ne, il n�en demeure pas moins que la wilaya de Tizi-Ouzou enregistre, chaque ann�e, un nombre inqui�tant de suicides et de tentatives de suicide. Pour le professeur Abbas Ziri, directeur g�n�ral du CHU Nedir-Mohamed de Tizi-Ouzou, rien que pour la p�riode du 1er janvier 2007 au 15 janvier 2012, cette wilaya a enregistr� 889 tentatives de suicide et l�ann�e 2011 a battu tous les records, avec 217 cas. Sur ces 889 tentatives, on en d�nombre 640 chez les femmes et 249 chez les hommes. L��tude faite par ce professeur d�montre que les ruraux sont les plus touch�s. Aussi, les c�libataires sont la frange la plus affect�e avec 69,29%, dont la plupart sont des ch�meurs. Pour le docteur Moufak du CHU d�Oran, pour qui le suicide est un v�ritable probl�me de sant� publique, de par les pertes humaines qu�il engendre, 815 000 personnes de par le monde se sont donn� la mort en 2000 et qu�au Maghreb, on enregistre 3 � 4 suicides pour 100 000 habitants. Le docteur Messaoudi du CHU de Batna a, quant � lui, et selon l��tude faite dans cette r�gion, indiqu� que �les tentatives de suicide sont plus fr�quentes chez les personnes qui n�ont aucun suivi psychiatrique �.Selon ce sp�cialiste, 74 cas de tentatives de suicide ont �t� enregistr�s en 2011, dont 58% chez les femmes. Par ailleurs, le psychiatre et psychanalyste fran�ais, le docteur Jean-Marc Limare de la clinique Oc�ane du Havre a qualifi� les chiffres en France de stressants quoiqu�ils soient en baisse. Pour cet intervenant, �en France, les chiffres les plus r�cents datent de 3 ans et les statistiques officielles sont sous-�valu�es. Le docteur Limare estime que le nombre de 12 000 suicides par an, chez eux, est deux fois plus �lev� que celui de la mortalit� par le sida et trois fois ceux des accidents. L�orateur a aussi rappel� les recommandations de l�OMS, notamment celles destin�es � la presse, �de ne pas parler des facteurs pathologiques� avant de d�velopper des actions de sensibilisation � entreprendre, notamment en organisant d��ventuelles conf�rences, en projetant des films, en organisant des d�bats �, avant de citer les actions entreprises par l�association Havre de Vie.