Pénurie - Le produit est actuellement introuvable dans de nombreux quartiers de la capitale. L'argument : des entreprises utiliseraient du lait en poudre, dont le prix est subventionné par l'Etat, pour fabriquer en fait des produits dérivés. Dans certains quartiers de la capitale, il est impossible, ces jours-ci, de trouver un sachet de lait pour le petit-déjeuner, à moins de se lever à 4 heures du matin ! Tous les citoyens sont unanimes. «Il y a déjà plusieurs jours que dans la majorité des quartiers de la wilaya d'Alger, trouver un sachet de lait pasteurisé relève de l'exploit». Pourquoi une telle pénurie sachant que l'essentiel du lait pasteurisé vendu en Algérie est fabriqué à base de poudre importée, et que c'est l'Office national interprofessionnel du lait (organisme public) qui gère la filière ? Selon un responsable de l'Office que nous avons contacté ce matin par téléphone, «l'Office n'en est pas responsable. Les quantités importées couvrent la demande.» Les coupables, pour lui, sont les transformateurs qui «utilisent la poudre subventionnée pour fabriquer d'autres produits que le sachet de lait». Allusion faite aux fabricants de yaourts et aux fromages qui, eux, débordent des étals et qui sont vendus plus cher. Auprès de certains transformateurs, on se renvoie la balle. «Nous n'y sommes pour rien», répondent-ils, affirmant qu'ils transforment en lait les trois quarts de la poudre importée et subventionnée conformément à leurs cahiers des charges. Ils accusent l'Office du lait d'importer des quantités insuffisantes par rapport aux besoins. Le syndicat des producteurs et transformateurs de lait, que nous avons contacté également ce matin, estime qu'«il n'y a pas de pénurie de lait en Algérie». Selon lui, «le ministère de l'Agriculture a fait beaucoup d'efforts dans le but de satisfaire les besoins en matière de consommation laitière et qu'une quantité importante de lait en poudre, a été mise sur le marché cette année». Et de poursuivre : «La quantité de poudre de lait mise sur le marché, est largement suffisante pour couvrir les besoins de consommation de lait en Algérie». Et d'indiquer aussi que «les services concernés par la régulation et le contrôle doivent sanctionner les actes de dilapidation de cette matière, constatée surtout au niveau de certains marchands de glace ou encore des fabricants des produits dérivés». ...A Blida aussi Une pénurie sans précédent de lait pasteurisé conditionné en sachet sévit dans la wilaya de Blida, et ce, au grand désappointement des consommateurs qui n'arrivent plus à s'approvisionner. Depuis déjà plus d'une semaine, la population locale s'astreint à un parcours du combattant au quotidien pour «dénicher» un quelconque sachet de lait. Dès l'aube, de longues files se forment devant les différents commerces d'alimentation générale. Le représentant de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), contacté par nos soins, a relevé que «la quantité de poudre de lait destinée à la laiterie de Beni Tamou, considérée comme la seule unité approvisionnant la population de Blida, est insuffisante». Un syndicaliste de la laiterie a, pour sa part, expliqué cette situation par le «détournement d'une partie du quota de poudre de lait destiné à la laiterie, pour la fabrication de fromages et autres laitages». «L'unité de Beni Tamou, qui produisait une moyenne de 250 000 l/j de lait et alimentait nombre de wilayas du Centre, n'arrive plus, depuis sa privatisation, à dépasser le seuil des 130 000 l/j», a déploré notre source. Pour parer au plus pressé, la direction du commerce de Blida a décidé, en commun avec l'union de wilaya de l'UGCAA, d'accorder des autorisations d'activité à des jeunes propriétaires de camions frigorifiques, afin d'approvisionner la région à partir de la laiterie d'Aïn Defla, qui enregistre un surplus de production.