Statistiques n Le nombre d'enfants enlevés en Algérie en l'espace de huit années, soit de 2001 à 2009, s'élève à 830. Leur âge varie entre 4 et 15 ans. M. Mekki, le directeur exécutif de la Forem, qualifie la situation «de phénomène national, dont les chiffres sont en augmentation d'une année à l'autre». «Le problème de la mutation de la société et la responsabilité des parents sont à l'origine de cette situation qui interpelle la société à tous les niveaux», a ajouté notre interlocuteur. Le phénomène a commencé à prendre de l'ampleur durant l'année 2000 qui a enregistré 28 enlèvements en un seul mois. Alors que respectivement en 2002 et 2004, 117 et 168 enfants ont été kidnappés, dont 71 filles. La plupart de ces disparitions, a ajouté notre source, ont été recensées dans les grandes villes, avec une concentration de victimes dans les villes d'Oran, Alger et d'Annaba. Certains attribuent ces disparitions au développement des réseaux criminels spécialisés dans le trafic d'organes. D'autres incombent ce phénomène à des motivations d'ordre sexuel. Deux hypothèses sont avancées par le directeur exécutif de la Forem, qui a ajouté qu'«un réseau transnational de trafic d'organes d'enfants avait été démantelé il y a quelque temps dans la région de Maghnia à l'ouest du pays, après des actions combinées entre les forces de sécurité algériennes et marocaines». Mais il y a aussi «des cas de pédophilie qui, très souvent, sont à l'origine des enlèvements d'enfants», explique M. Mekki, qui souligne que «le kidnapping des enfants a lieu très souvent à quelques encablures de leur domicile", ce qui accrédite, selon lui, l'hypothèse que «les kidnappeurs sont des personnes connues de leurs victimes». Pour certains observateurs, les enfants ne sont pas enlevés pour être tués. Ce sont les circonstances, notamment la pression médiatique, qui poussent les ravisseurs à mettre fin à la vie de leurs otages pour s'en débarrasser. Souvent, le passage à l'acte est commis dans un délai très court. Une source sécuritaire explique que «les enlèvements suivis d'agressions sexuelles sont comptabilisés dans la catégorie des violences sexuelles, du fait que la qualification est plus lourde que le kidnapping» et d'ajouter : «Les filles sont généralement plus vulnérables et plus touchées par les agressions sexuelles, motivation première des ravisseurs.» Pour M. Mekki, «le manque de vigilance et la dégradation de la prise en charge de l'enfant sont les deux facteurs qui ont contribué à l'aggravation de ce phénomène». «Il ne suffit pas d'avoir un code pénal répressif. Sur cette question, les choses sont claires. La protection de l'enfant ne doit pas être une préoccupation circonstancielle. Les services de police ne peuvent, à eux seuls, faire face à ce fléau qui doit être pris en charge en amont par la société civile. Il faut que tous les acteurs participent pour éradiquer ce phénomène», a-t-il conclu. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales affirme, pour sa part, que le phénomène de kidnappings d'enfants dans notre pays n'a rien à voir avec le commerce d'organes humains. Ould Kablia a, en effet, précisé que les services de sécurité n'ont enregistré aucun cas lié à ce commerce. Il a en outre déclaré que 1 395 agressions contre mineurs ont été enregistrées en 2010, contre 1 660 en 2009 M. D.