Rapport n Après l'installation de la commission de contrôle des clubs professionnels, une des deux structures de la direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), l'on s'attend à une mise à nu de la situation des clubs. «La ligue de football n'a pas une planche à billets ! Les clubs doivent vivre en fonction de leur budget et non pas au-dessus», c'est ce que déclarait Mahfoud Kerbadj, le président de la ligue de football (LFP) sur la chaîne Dzaïr Web TV où il a dressé un bilan sur la situation du football national durant la saison 2011/2012 et les perspectives qui l'attendent lors du prochain exercice, le troisième de l'ère professionnelle. Le président de la ligue évoquera plusieurs sujets, dont celui de l'investisseur Eddir Loungar, qui veut toujours reprendre le Mouloudia d'Alger à travers la SPA/Le Doyen. Kerbadj annoncera que ce dernier n'a pas le droit de le faire car il a des entreprises en France, c'est pourquoi il doit passer par la création d'une société mixte (51 %-49 %) ou privée pour pouvoir racheter des parts dans ce club. Cette déclaration a soulevé tout un tollé dans certains fiefs mouloudéens favorables à la venue de l'homme d'affaires franco-algérien. Mais à toutes ces questions et à d'autres, l'installation, jeudi dernier par la LFP, de la commission de contrôle des clubs professionnels (CCCP), l'une des deux commissions de la direction nationale de contrôle de gestion, que préside Mohamed Mecherara, serait l'une des premières réponses au flou qui caractérise en ce moment la situation de nos clubs, notamment sur le plan des finances. Présidée par le vice-président de la LFP, M. Fawzi Guellil, la CCCP est composée de Me Mehanèche Nadir, avocat, de M. Guerza Rafa, expert-comptable et de Boufellah Boubakeur Seddik, en attendant la désignation du dernier membre qui sera le représentant des clubs professionnels. Cette commission débutera ses travaux par une série de regroupements avec les clubs (demain à Alger, le 9 juillet à Oran et le 12 du même mois à Annaba) pour expliquer son rôle et ses missions ainsi qu'apporter une assistance en matière de comptabilité et de finances. D'ailleurs, la première mission de la CCCP est de plancher sur les bilans des clubs, à commencer par celui de l'exercice 2010 ( !) que certains n'ont pas encore transmis. La ligue saisit justement cette occasion pour relancer tous les clubs qui n'ont pas encore envoyé les documents relatifs aux résultats des comptes sociaux de le faire, en attendant ceux de 2011. A la lumière de l'examen de ces dossiers, la CCCP dressera son rapport à la DNCG et à la LFP qui devront prendre les dispositions nécessaires face à la situation de chaque club. Il est clair que le travail de la CCCP mettra à nu la situation toujours floue dans laquelle se débattent la plupart des clubs, notamment ceux qui croulent sous des dettes et qui continuent à creuser leur déficit. «Je ne comprends pas qu'un club puisse offrir un salaire de 350 millions de centimes à un joueur, soit une masse annuelle de 4 milliards, alors que ses recettes ne dépassent pas les 10 milliards de centimes par saison. Ce genre de pratiques doivent cesser. Voyez le FC Nantes, c'est une grande école, mais elle se morfond toujours en Ligue 2 française. Le grand Olympique de Marseille n'est pas en reste par rapport à l'équilibre de ses comptes, chose qui a contraint, dans un premier temps, la DNCG française de l'empêcher de recruter. C'est vous dire que nos clubs doivent apprendre à mieux gérer en fonction de leurs moyens et non pas par rapport à la rue pour plaire aux supporters. Ce temps est révolu», expliquera Mahfoud Kerbadj. De plus, les clubs, et ils sont nombreux, qui ont des dettes vis-à-vis de leurs joueurs, seront interdits de recruter en attendant d'autres mesures plus draconiennes. La CCCP intervient dans un moment où les clubs grondent devant la crise financière qui les ronge, mais qui ne les empêche pas de recruter à coups de millions de dinars. C'est tout le paradoxe et la débandade des clubs algériens. A. Salah-Bey