Chéraga Les explications fournies par le gendarme pour justifier le passage à tabac d?un chauffeur de taxi dans les locaux de la brigade n?ont pas convaincu le tribunal criminel. Les faits pour lesquels comparaît l?accusé remontent au 30 avril 2003, quand un gendarme, de retour d?une permission à Sétif, prend, avec son épouse, un taxi. Arrivé à Ouled Fayet, le gendarme, sous la menace d?un couteau, conduit le «taxieur» à la brigade de gendarmerie de cette localité. Introduit dans les locaux de ladite gendarmerie, il le passe à tabac. Avant de le laisser partir, il s?acharne sur le véhicule du malheureux, qui s?empresse d?établir un certificat d?incapacité de travail et de raconter sa mésaventure au syndicat des chauffeurs de taxi, dont les responsables, pour éviter que l?incident ne prenne une mauvaise tournure, l?obligent à déposer plainte et décident, pour faire aboutir leur revendication, «la traduction en justice du gendarme agresseur» et une grève illimitée. Au cours du procès, le 24 avril 2004, l?accusé déclare que le chauffeur avait eu des regards inconvenants envers sa femme. Il précise qu?une fois dans les locaux de la brigade, il avait donné deux gifles au chauffeur irrespectueux. Sa femme, appelée à témoigner, abonde dans le sens de son époux. L?avocat du plaignant, tout en demandant le transfert du dossier de l?affaire au tribunal criminel, évoque, dans sa plaidoirie, le certificat d?incapacité de travail établi par un médecin et les dommages occasionnés au véhicule. «Les traces de sang de mon client sont encore visibles sur les murs du bureau de la brigade», dit-il, tout en relevant que son client peut être considéré comme victime d?un kidnapping. La victime, en donnant sa version des faits, précise qu?elle a subi des violences à l?extérieur comme à l?intérieur des locaux de la brigade. «C?est de la hogra, il m?a violemment frappé devant les autres gendarmes», fit-il remarquer. Le procureur de la République, voulant écarter toute interprétation tendancieuse de l?agression, insiste sur le fait que le gendarme était en civil et en permission. «L?accusé ne représente que sa personne et non le corps de la Gendarmerie nationale», dit-il en requérant une peine de prison d?une année ferme et d?une amende de 10 000 DA. L?avocat de l?accusé, tout en rejetant la demande de la partie civile de transférer le dossier de l?affaire à la cour criminelle, demande de faire bénéficier son client des circonstances atténuantes. Après délibérations, le gendarme, reconnu coupable de coups et blessures volontaires et de destruction de bien d?autrui, a été condamné à une année de prison ferme, à une amende de 10 000 DA et des dommages et intérêts estimés à 135 000 DA pour les dégâts occasionnés au véhicule de la victime.