Résumé de la 38e partie - Brenda explique à Taverner que Laurence Brown et elle ne sont que de bons amis... Je me disposais à la rejoindre à la cuisine, mais elle me devança et, me prenant par le bras, m'entraîna au salon, où il n'y avait personne. — Alors, me dit-elle, vous avez vu Brenda ? Que pensez-vous d'elle ? — Très sincèrement, répondis-je, je la plains. Sophia me regarda avec mépris. — Je vois ! Elle vous a empaumé ! Piqué, je répliquai : — Disons, si vous voulez, que je comprends son point de vue, lequel semble vous échapper. — Que voulez-vous dire ? — Répondez-moi franchement, Sophia ! Avez-vous l'impression que, depuis qu'elle est ici, quelqu'un de la famille se soit montré gentil, ou même simplement correct avec elle ? — Nous n'avons sûrement pas été gentils avec elle, mais pourquoi l'aurions-nous été ? — Quand ce n'eût été que par charité chrétienne ! — Si j'en juge par votre ton, Charles, Brenda vous a magnifiquement joué la comédie ! — Vraiment, Sophia, vous semblez... Je ne sais pas ce qu'il vous arrive, mais... — Il m'arrive que je suis sincère et que je dis ce que je pense. Vous me dites que vous comprenez le point de vue de Brenda. Je vais vous expliquer le mien. Je n'aime pas les jeunes personnes qui inventent des histoires pour apitoyer les vieillards richissimes qu'elles veulent épouser. J'ai parfaitement le droit de détester ces aventurières et je ne vois pas pourquoi je ferais semblant de les aimer. Et la jeune personne en question ne vous inspirerait aucune sympathie si, au lieu de vous raconter son roman, elle vous l'avait donné à lire et si vous l'aviez lu de sang-froid ! — Vous croyez donc qu'elle mentait ? — Au sujet de l'enfant ? Je n'en sais rien, mais je le pense. — Et vous ne lui pardonnez pas d'avoir... possédé votre grand-père ? Sophia se mit à rire. — Dites-vous bien qu'elle ne l'a pas possédé ! Grand-père n'a jamais été possédé par personne. Il voulait Brenda, il l'a eue. Il savait très exactement ce qu'il faisait et tout a marché selon ses plans. De son point de vue à lui, son mariage a été un succès complet, comme toutes ses autres opérations. — Vous considérez également comme un de ses succès le fait qu'il ait engagé Laurence Brown comme précepteur des enfants ? Le ton ironique de la question fit froncer les sourcils à Sophia. — Savez-vous que ça se pourrait bien ? Il voulait que Brenda fût heureuse et qu'elle ne s'ennuyât point. Il peut s'être dit que les robes et les bijoux ne suffisaient pas et qu'il lui fallait aussi mettre dans la vie de sa femme un peu de romanesque sans danger. Il se peut qu'il ait jugé qu'un timide dans le genre de Laurence Brown était exactement l'homme dont il avait besoin. (A suivre...)