Résumé de la 33e partie - Pour Mrs Aristide Leonidès, personne n'en voulait à son mari au point de l'empoisonner... Elle avait haussé le ton sur les derniers mots. — Croyez que je suis désolé, madame ! dit Taverner sans s'émouvoir. Pourrai-je voir Mr Brown ? — Laurence ? Pourquoi ? Il ne sait rien de tout ça ! — J'aimerais le voir quand même. Elle le regarda d'un œil soupçonneux. — Il est dans la salle d'étude, en train de faire du latin avec Eustace. Vous voulez qu'il vienne ici ? — Non. Je préfère aller le voir. Taverner quitta le salon, nous entraînant, le sergent Lamb et moi, dans son sillage. Nous gravîmes un petit escalier, suivîmes un couloir, qui nous amena dans une grande pièce ouvrant sur le jardin. Il y avait là, assis côte à côte à une même table, un homme d'une trentaine d'années et un adolescent qui devait avoir seize ans. Ils levèrent la tête à notre entrée. Les yeux d'Eustace se portèrent sur moi, ceux de Laurence Brown sur Taverner. Jamais je ne vis plus de détresse dans un regard. L'homme semblait mourir de peur. Il se leva, se rassit, puis dit, d'une voix blanche : — Bonjour, inspecteur. Taverner répondit assez sèchement : — Bonjour. Pourrais-je vous dire deux mots ? — Mais certainement. Trop heureux... Eustace se levait. — Vous voulez que je sorte, inspecteur ? La voix était aimable, avec un rien d'insolence. — Nous continuerons tout à l'heure, dit Brown. Eustace se dirigea vers la porte d'un pas nonchalant et sortit sans se presser. — Monsieur Brown, dit alors Taverner, l'analyse a donné des résultats intéressants : c'est l'ésérine qui a causé la mort de Mr Leonidès. — Il a vraiment été empoisonné ? J'espérais... — Il a été empoisonné. Quelqu'un a subtitué de l'ésérine à l'insuline qu'on lui injectait. — Je ne peux pas croire ça !... C'est inimaginable ! — La question qui se pose est celle-ci : qui avait une raison de tuer Mr Leonidès ? — Personne ! Absolument personne ! — Vous ne voudriez pas, par hasard, que votre avocat soit présent à notre entretien ? — Je n'ai pas d'avocat et je ne désire pas en avoir un. Je n'ai rien à cacher, rien. — Et vous vous rendez bien compte que nous enregistrerons vos déclarations ? — Je suis innocent. Je vous en donne ma parole, je suis innocent... — Je n'ai jamais insinué le contraire. Après un silence, Taverner ajouta : — Mrs Leonidès était beaucoup plus jeune que son mari, n'est-ce pas ? — Je le crois... C'est-à-dire que... oui ! — Il devait y avoir des moments où elle se sentait bien seule ? Laurence passa sa langue sur ses lèvres sèches et ne répondit pas. Taverner poursuivit : — Il devait lui être assez agréable d'avoir ici un compagnon ayant à peu près le même âge qu'elle ? — Je... Non, pas du tout... Je veux dire... Je n'en sais rien. — Moi, il me semble tout naturel que des liens d'amitié se soient développés entre vous ! (A suivre ...)