Résumé de la 1re partie - Seul son manager, Philippe Constantino, sait pourquoi René Marini a accepté d'affronter Jack Tulli... Nanou, le fils de René Marini. C'est pour lui, qu'il a accepté de remonter sur le ring. Tandis qu'il continue son duel avec le Zoulou, René Marini se revoit deux mois plus tôt dans le bureau du docteur. Il avait conduit Nanou à l'hôpital parce qu'il se plaignait de migraines et de troubles de la vue. — J'ai une très mauvais nouvelle à vous apprendre, monsieur Marini : votre fils souffre d'une tumeur au cerveau. René a vacillé comme s'il avait reçu un crochet au menton. — Rien n'est perdu, monsieur Marini. La tumeur n'évolue pas et une opération peut être tentée avec de bonnes chances de réussite. Seulement, elle est chère... un million... Un million de francs, c'est une fortune en 1952. Alors, René est allé trouver Philippe Constantino. Il lui a tout expliqué et M. Constantino a décroché ce fabuleux contrat : le match contre Tulli à l'Albert Hall; 1 000 livres au perdant, 1 500 livres au vainqueur. En mettant les choses au pire, 1 000 livres, cela fait un million et demi de francs. René Marini a fait ses comptes : en retirant la part du manager, celle des impôts, les frais de déplacement et de séjour, ce sera suffisant. Il y a un cri dans l'Albert Hall, tandis que crépitent les flashes. Marini vient de placer sa droite. Touché au visage, Tulli s'est écroulé net. L'arbitre compte. — Un... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Six... Sept... Un bruit sourd retentit : le gong. Jack Tulli se relève et regagne son coin. Assis sur son tabouret, René Marini n'écoute qu'à moitié les encouragements de son manager. — Tu l'as ! Tu n'as qu'à foncer ! Il est à toi ! Il sent bien, lui, que la chance n'est pas de son côté ce soir, alors qu'il en avait tant besoin. Son adversaire a été sauvé par le gong. L'occasion de gagner le match est passée : maintenant il va devoir souffrir. René Marini ne se trompe pas. Jack Tulli a très vite récupéré. Les minutes, puis les rounds passent et c'est lui qui prend irrésistiblement le dessus. Trois fois, René est touché durement à la tempe. Il vacille, mais ne tombe pas. Il tient à terminer le combat debout. Le gong du dernier round sonne enfin. C'est terminé. L'arbitre lève la main de son adversaire : — Vainqueur aux points, Jack Tulli ! René Marini regagne son coin en titubant. Dans le fond, tant pis s'il a perdu. Il a assez d'argent pour sauver son fils Nanou. Mais il n'arrive pas à se raccrocher à cette pensée. En fait, il n'arrive pas à penser quoi que ce soit. Il se dirige vers son manager; il a la force de dire : — J'ai mal à la tête. Et il tombe sans connaissance. Le public cesse d'acclamer le vainqueur pour pousser un cri angoissé. Le médecin chargé de surveiller le match, se précipite. Il fait un rapide examen et se relève. — A l'hôpital, vite ! 8 novembre 1952. Il y a deux jours que René Marini a été opéré à l'hôpital Saint-Patrick de Londres. L'intervention a été un échec. Si elle a rendu sa conscience à René Marini, les médecins ont renoncé à tout espoir. Ils ne l'ont pas dit au blessé, mais il a compris qu'il était perdu. Il a fait venir de Marseille sa femme Michèle et son frère Raoul. Bien sûr, il aurait aimé revoir son fils Nanou, mais il ne pouvait lui imposer cette épreuve. (A suivre...)