Des opérations coup-de-poing sont prévues dans tout le pays pour éradiquer le marché informel. A Alger on compte pas moins de 96 places où les étals des vendeurs à la sauvette existent, causant des désagréments aux habitants des quartiers qui voient ainsi, leur cité envahie et leur espace de vie réduit puisque le moindre bout de trottoir est occupé. Les commerçants aussi se plaignent de ces indus occupants qui ne paient pas d'impôts et leur volent carrément leur clientèle. A l'évidence, il y a urgence à prendre des mesures d'envergure pour mettre fin à cette économie parallèle qui porte quotidiennement de graves préjudices au pays. Mais il faut juste se poser la question de savoir si cette éradication annoncée de manière musclée – on compte recourir à la force publique pour déloger les revendeurs – va se révéler efficace et mettre ainsi un terme à l'informel ? La réponse coule de source et il ne faut pas être un grand analyste pour affirmer que ce n'est là que le report d'une situation qu'on ne résout pas par la force. Il faut aussi rappeler que lors des manifestations populaires inhérentes au printemps arabe, les pouvoirs publics ont fait preuve d'un laxisme sans précédent envers les tenants de cette économie parallèle, dans le but avoué de préserver une paix sociale précaire et sur laquelle pesait le danger d'une déflagration nationale. Cette fracture n'a pas eu lieu. Par la grâce de la «compréhension» des autorités qui ont fermé les yeux. Ainsi, aujourd'hui, alors que le danger semble passé, on décide de s'attaquer à ce fléau public – et c'en est un – sauf qu'on reconduit les mêmes méthodes désuètes. Ce n'est pas la première campagne et beaucoup d'autres actions se sont avérées vaines puisqu'une fois passé l'orage, les revendeurs ont repris possession de leurs espaces. Pour dire que le problème doit être traité à la base, en lançant des projets durables d'envergure nationale. Penser concrètement à créer des emplois permanents et sécurisants pour tous ces jeunes qui n'ont d'autres choix que de s'adonner à la revente des contrefaçons de Chine. Fabriquons nos propres babioles, notre propre camelote et chacun trouvera son bonheur, aussi bien le commerçant qui les vendra que l'ouvrier qui les fabriquera à l'usine. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.