Ils sont de plus en plus nombreux les parents qui accompagnent leurs enfants à l'école même si ceux-ci ont largement dépassé l'âge de la maternelle. Parce qu'ils sont nombreux à nourrir une inquiétude légitime, la peur de ne pas voir revenir leur enfant et qu'ils se mettent désespérément à le chercher avant que les forces de l'ordre ne les convoquent pour identifier son cadavre comme c'est arrivé à nombre de familles. Une tragédie. Enterrer son propre enfant quand celui-ci n'a pas atteint une dizaine d'années, voilà la pire épreuve qui puisse arriver à un être humain et très peu arrivent à surmonter sans pour autant faire leur deuil. Mais qu'est-ce donc ce phénomène d'enlèvement d'enfants par des monstres à l'apparence tranquille ? Ceux qui avancent l'argument du chômage comme écrit dans un quotidien à sensation, se trompent lourdement de drame. Tous les chômeurs ne sont pas des pervers, sinon où allons-nous ? Cette forme odieuse de la délinquance puise ses origines dans les crimes sexuels et ce n'est pas une spécialité algérienne puisque la chronique est régulièrement défrayée outre-mer où des affaires terriblement perverses de réseaux de détraqués sont médiatisés. Des gens normaux, de respectables pères de famille menant la vie rangée du citoyen moyen avec femme et enfants et qui surfe sur la toile à la recherche d'une proie. Terrible époque où il faut surveiller sa progéniture de près au risque de la voire disparaitre dans la nature : parce que justement, les enfants manquent cruellement d'espaces de loisirs, ils investissent la rue, source de tous les dangers. Concrètement, quels sont les passe-temps de nos bambins ? Le cinéma ? Il y a de temps à autre un film pour enfants et c'est tout. De plus, ça ne va les occuper que l'espace de la séance. Le parc d'attraction ? Le restau ? Là, il faut surtout avoir les moyens et très peu de familles ont un budget à consacre à ces lubies. Il y a surtout un manque flagrant d'infrastructures ayant lien directement avec l'enfance et nos cités populeuses sont de tout temps envahies par les gamins de bas âge quant ceux-ci ne vont pas à l'école, puisque cette dernière fait office de garderie. Voilà pourquoi nos enfants sont livrés à eux-mêmes et aux satyres de tout acabit. Certaines disparitions ont lieu au seuil même de la demeure familiale, là ou la mère astreinte aux tâches ménagères relâche son attention l'espace de quelques minutes, ce qui suffit au criminel pour accomplir sa basse besogne. Cette banalisation de la violence s'explique par l'absence d'un véritable projet de société qui accorderait une part importante à la prise en charge de l'enfance sous tous ses aspects, éducationnel, ludique et surtout sportif, quant on sait le manque drastique d'espaces qui doivent naturellement servir à l'épanouissement des plus petits comme des jardins publics et des aires de jeux. Et puis rêvons un peu : peut-être songera-t-on un jour à créer un ministère de l'enfance puisque celui de la famille, s'occupe d'affaires courantes n'ayant rien à voir avec les enfants. Parce que l'enfance, disait Ernest Hemingway, c'est un paradis perdu. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.