Ce chiffre effarant révèle la mauvaise prise en charge des femmes enceintes, ainsi que des nouveau-nés. Les pouvoirs publics ne se sont pas «organisés aussi bien qu'il aurait fallu le faire», selon l'expert consultant auprès du CNES, Mustapha Benzine qui déplore la persistance de ce phénomène en dépit du développement qu'a connu le pays. La baisse de natalité qu'a connue l'Algérie pendant un certain temps a «été telle que les pouvoirs publics ne se sont pas organisés aussi bien qu'il aurait fallu pour que les choses soient bien meilleures aujourd'hui», affirme M. Benzine qui intervenait ce mercredi matin sur les ondes de la chaîne III. Pour cet ex-représentant au fonds de l'ONU pour la population, «nous avons un taux de mortalité périnatale qui pose problème, soit 13 % des enfants de moins d'un an». Il y a de quoi se dire qu'«il faut réagir», abonde-t-il. Cette carence en termes de prise en charge des nouveau-nés appelle à une relance du programme de santé reproductive en mettant en place une gestion intelligente de la planification familiale, préconise-t-il. Mais, aussi à l'amélioration de notre économie qui demeure «non productive et dépendante de l'exportation des hydrocarbures pour résorber le taux de natalité qui pourrait être très important dans les années à venir». On doit s'attendre à une «surcharge des infrastructures. Dans 15 ans, à ce rythme, nos enfants n'auront plus de classe pour être scolarisées», prévient-il avant d'ajouter qu'en 2015 la population devrait augmenter d'environ un million d'individus. Devant cette natalité croissante, il est important d'accorder une «priorité accrue à la question de la contraception et de la planification familiale», dit-il, déplorant dans ce sillage le manque «de sensibilisation» de la part des pouvoirs publics en direction de la population de façon générale. «Nous avons tellement de mariages actuellement que nous avons beaucoup de naissances», précise-t-il. Ce phénomène a toutes les chances de se poursuivre pour quelques années encore car «la population née dans les années 80 est très importante et les conditions de se marier le permettent», explique cet expert, d'où l'urgence de mettre en place une stratégie à même de planifier les naissances. L'Algérie a besoin aujourd'hui, «d'une politique de planification des naissances» à travers la disponibilité et l'accessibilité des moyens de contraception à la totalité de la population. «Ce sont des choix volontaires. Mais donner aux populations qui ont le désir de le faire le moyen d'avoir juste le nombre d'enfant qu'ils désirent», dit-il. «Nous avons de plus en plus de couples potentiels et d'autres qui vont naître car le groupe d'âge le plus important est celui de moins de cinq ans suivi du groupe dont l'âge se situe entre 20 et 24 ans. Vient en troisième position celui des 25 -29 ans, soient les personnes qui sont en âge de se marier», fait-il remarquer. L'Algérie connaît depuis quelques années, «un rajeunissement de l'âge moyen au premier mariage», selon M. Benzine. Elles seront nombreuses les populations qui vont se présenter sur le marché matrimonial et avec elles le nombre de naissances qui va connaître certainement une ascension, à en croire l'analyse de l'intervenant. Et pour cause, «le premier enfant pour les nouveaux couples est une obligation impérieuse. Le deuxième vient en général dix-huit mois après le premier. Ce n'est qu'à partir du 2e enfant que le couple prend du recul par rapport à la pression sociale», explique-t-il.