Danger n Les jeunes sont la tranche de population la plus active sur le plan sexuel, donc la plus exposée aux maladies sexuellement transmissibles et pourtant, ils sont les moins informés sur le fonctionnement et les risques. C'est l'inquiétant constat fait par le Dr Fadila Abadlia, membre du conseil de l'Association algérienne pour la planification familiale (Aapf), lors d'une conférence-débat animée, jeudi, au centre de presse d'El Moudjahid. «La moitié des infections au VIH dans le monde se produisent chez les jeunes de moins de 25 ans, selon l'OMS», relate le Dr Abadlia. Elle explique qu'en Algérie et jusqu'aux années 1990, la planification familiale ne se limitait qu'à la simple technique de contraception. A partir de la conférence internationale sur la population et le développement (du Caire en 1994), le débat a évolué vers le concept de santé reproductive. «Le concept est plus généralisé et englobe la santé de toute la famille», indique-t-elle. La prévention est d'autant plus importante parce que les jeunes d'aujourd'hui sont plus exposés que l'étaient leurs parents, du fait de l'évolution de la société. «55 % des femmes algériennes entre 15 et 50 ans ne sont pas mariées», selon Mustapha Benzine, chef de la division des études sociales au Conseil national économique et social (Cnes). Le mariage est de plus en plus retardé, par conséquent, les jeunes diversifient leurs expériences sexuelles et pourtant ils sont très peu informés. «La société évolue, mais les mentalités ne suivent pas», regrette l'intervenant qui estime que la santé sexuelle et reproductive est la base de la santé publique. Les conséquences aggravantes de cette désinformation sont, généralement, irrémédiables et conduisent souvent à de graves troubles familiaux. Les grossesses non désirées, les enfants abandonnés et les mortalités postnatales constituent, entre autres, les drames les plus courants d'après le docteur. C'est pour cela que le concept de la santé reproductive dégage sept volets nécessaires pour une meilleure approche de la problématique. L'adolescence, les consultations pré et postnatales, l'accouchement en milieu assisté, la prévention du cancer génital et des maladies sexuellement transmises ainsi que la ménopause. «Pour le certificat prénuptial, il faut demander un bilan complet aux couples», insiste le Dr Abadlia qui trouve que les certificats exigés actuellement ne sont pas suffisants. Par ailleurs, elle annonce la création prochaine de centres de dépistage du sida dans les 48 wilayas du pays. «La contraception sans l'apprentissage du fonctionnement sexuel est insuffisante» d'après Saïd Kabouya, président de l'association Aapf. «Nous devons briser les tabous pour mieux prévenir nos jeunes des risques qu'ils encourent», ajoute-t-il.