Constat - Chaque journée de championnat de Ligue 1 ou de Ligue 2 amène son lot de problèmes et de crise profonde qui illustrent l'échec du professionnalisme en Algérie. Les responsables du football et les pouvoirs publics n'aiment pas que la presse parle d'échec du projet de professionnalisation du football algérien, vu que c'est l'Etat, à travers un communiqué interministériel qui le consacre et qui engage ce dernier dans la mise en œuvre et l'accompagnement de ce projet. Sauf que la réalité est là, implacable, qui nous rappelle chaque jour et à chaque journée de championnat que la situation devient intenable pour une grande partie de clubs dits «professionnels», mais qui, en réalité, n'ont de professionnel que le nom, pompeux et vide. Déjà lorsqu'on écoute les interventions de certains présidents de club dans les différents médias, on comprend le niveau de qualification de ces derniers et leurs capacités managériales à mener à bien ce projet de professionnalisme et le décliner ainsi comme l'aurait souhaité la Fédération algérienne de football, dont le président estime qu'il faut au moins cinq ans pour asseoir le démarrage de ce professionnalisme. Entre-temps, sur le terrain, des joueurs se mettent en grève et boycottent entraînements et matchs de championnat, ce qui fausse le résultat sportif et donc l'éthique. Hier, à titre d'exemple lors de la 9e journée de championnat de Ligue 2 professionnelle, le SA Mohamadia s'est déplacé avec une équipe composée de joueurs espoirs et juniors pour affronter le CRB Aïn Fakroun avec en prime un carton dans ses valises (0-4). Le président du SAM dénonce le fait que les autorités locales ne lui ont pas débloqué les subventions nécessaires, mettant en exergue les conflits avec le CSA. Un autre président, celui du MC El-Eulma, avoue avoir poussé son entraîneur vers la sortie pour satisfaire les desiderata des supporters qui en voulaient un autre. Un président démissionnaire, en l'occurrence celui du CR Belouizdad, continue à négocier avec des entraîneurs pour parer au départ de l'Italo-Suisse Arena, et c'est Fouad Bouali qui tiendrait la corde et serait en route vers Alger pour finaliser son contrat. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, a reconnu à plusieurs reprises qu'avoir entamé le professionnalisme avec beaucoup de clubs (32 au total) sans qu'il y ait un environnement économique favorable autour, a créé «quelques» problèmes. Avec des Sociétés sportives par actions dont l'activité commerciale est limitée, les clubs sont allés tout droit à la faillite. Ils croulent sous les dettes de la Cnas et des impôts puisque les charges ne sont pas honorées, même celles sociales concernant les joueurs, ce qui a engendré de gros problèmes. La gestion Les infrastructures, l'énorme déficit Dépourvus de stades, les clubs n'ont même pas le droit de gérer les infrastructures, au moins les jours de match pour en tirer quelques deniers qui, aujourd'hui, sont partagés avec plusieurs parties y compris la Sûreté nationale qui assure le service d'ordre lors des journées de championnat. Plusieurs infractions au code de commerce et aux règles de gestion sont alors constatées au niveau des bilans d'exercice que certains commissaires aux comptes rejettent ou ne certifient carrément pas. On a comme l'impression que ce professionnalisme est devenu l'affaire des clubs et non pas celui des pouvoirs publics et des instances du football qui ont la lourde mission de l'accompagner et de le consolider à travers une batterie de mesures salvatrices. Espérons que le dernier rapport élaboré par la commission ad hoc pour le professionnalisme, composée des représentants des clubs, de la fédération et du MJS, trouvera un écho favorable auprès de qui de droit afin de sauver le football algérien et remettre le projet sur de bons rails.