Les quatre cinquièmes de notre pays ont un climat semi-désertique. Le reste n?est guère mieux loti en matière de pluviosité. Depuis l?indépendance, la politique de l?eau a été catastrophique. Au moment où nos voisins se dotaient de barrages, de retenues collinaires, d?infrastructures de récupération d?eaux usées et d?un dispositif légal pour mieux gérer l?eau, nos dirigeants se livraient à des «révolutions» de toutes sortes, ponctuées d?inaugurations solennelles. L'eau ! Personne ne s?en souciait. A un certain moment, il a même été question de? l?importer, par bateau, de France et du Maroc ! Parce que la population de la capitale menaçait de se soulever contre le régime. Le taux de déperdition des eaux de pluie dépasse les? 90%. c?est-à-dire que presque tout le peu d?eau, qui nous tombe du ciel, retourne à la mer. Les prochaines années, une crise majeure de l?eau plongera le pays dans une situation extrêmement difficile. Au moment où des populations entières rurales ou urbaines sont contraintes d?aller puiser de l?eau dans des conditions qui ne sont pas loin de celles du moyen âge, un gaspillage insensé se commet là où, grâce à dame nature, il y a encore de l?eau. A Oued souf, en plein sahara, la consommation moyenne par habitant est l?une des plus élevées du monde. Il n?y a pas de compteurs et les habitants sont facturés au forfait. Ailleurs, ce n?est guère mieux. Observez donc cette ménagère qui lave ses quelques pommes de terre. Elle laisse couler abondamment le robinet et donne un bain méticuleux à ses patates. Il lui faut 50 litres d?eau pour en laver un kilo. Le grand nettoyage du parterre qu?elle fait chaque jour à grand eau n?en est pas moins abondant. Chaque jour, elle remplit sa baignoire et tous les jerrycans de la maison, au cas où il y aurait rupture. Mais si le robinet coule normalement le lendemain, elle se débarrasse de toute l?eau emmagasinée et refait le plein d?eau «toute neuve». A la fin du mois, le ménage reçoit une facture dérisoire. Dans ce pays où tout est cher et où tout est mal géré, il n?y a que l?eau, la matière la plus rare, la plus vitale, la plus précieuse et qui fait cruellement défaut à la moitié de la population, qui soit ainsi gaspillée, à un prix aussi négligeable, comme si l?on voulait encourager cet incroyable gâchis.