Aspiration - Les personnes handicapées particulièrement les non-voyants veulent sortir à tout prix de leur cloisonnement pour une meilleure intégration sociale et professionnelle. Le président de l'Association nationale des non-voyants, El Irada (Volonté), a plaidé, hier, contre la marginalisation de ces personnes qui ne cessent de crier leur détresse au quotidien. L'absence d'une formation et le non-accès au savoir, le manque de structures adaptées, la non-valorisation de la pension, la mauvaise prise en charge sociale, ajoutés au chômage et au non-respect de la loi, sont autant de points soulevés par l'invité du forum d'El-Moudjahid. Ce dernier a fait état des difficultés auxquelles sont confrontés les non-voyants. Akkouche Abdelkrim a profité de cette occasion pour lancer un appel pressant aux plus hautes autorités du pays pour qu'elles prennent en considération ces revendications légitimes à travers notamment l'amélioration de façon durable, des conditions liées à l'insertion professionnelle de cette frange de la population. Les non-voyants restent en effet majoritairement exclus du monde du travail, a regretté l'orateur qui atteste que la loi obligeant les employeurs à embaucher les personnes handicapées n'a jamais été respectée. Pour preuve, poursuit-il, de nombreux non-voyants diplômés sont aujourd'hui au chômage. Les formations professionnelles demeurent très limitées en Algérie et restent manifestement la raison majeure d'un taux de chômage à 98 %. Ces derniers ont le droit uniquement à une très maigre pension de 3 000 DA dans le cadre du filet social ne pouvant même pas répondre à leurs besoins élémentaires. M. Akkouche demande, en effet, la revalorisation de la pension pour assurer une vie décente à cette frange de population qui vit des moments très difficiles surtout dans les zones enclavées. «Il y a eu une importante dégradation depuis l'indépendance. Au début des années soixante une loi a été signée par Ben Bella. Elle a été appliquée mais plus maintenant», s'indigne le conférencier. Le vice-président de l'association chargé des affaires sociales, Abdelkader Bouassem, a appelé, pour sa part, les responsables du secteur pour rouvrir l'Entreprise publique pour l'insertion des personnes handicapées (EPIH) ex-Enabros qui employait quelque 3 000 travailleurs. «On veut l'alternative après la fermeture de cette entreprise», a déploré Bouassem qui rappelle que des centaines de pères de famille pas encore à la retraite, ont été réduits au chômage sans avoir obtenu leurs droits. Rares sont ceux qui atteignent 20 000 DA après leur départ à la retraite. Selon lui, la solution n'est pas de fermer l'entreprise mais de l'assainir de façon à lui attribuer un mode de fonctionnement compatible aux règles imposées par l'ouverture du marché. Pour lui, l'entreprise avait de fidèles clients parmi les entreprises publiques et pouvait continuer sur sa lancée. Selon cette association qui compte quelque 8 000 adhérents, le plus grand nombre de non-voyants se trouve dans le sud du pays. Il est suivi par les grandes agglomérations telles que Alger, Oran et Annaba. Selon cette association l'Algérie compte quelque 216 000 non-voyants.