Les 1 490 travailleurs de l'Etablissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH), ex-Enabros, sont au bord de la dépression. Ces braves travailleurs, handicapés non-voyants pour la majorité d'entre eux, qui se sont donnés corps et âme, durant des années, à leur défunte entreprise, se retrouvent aujourd'hui livrés à la précarité. Et pour cause, depuis que leur entreprise et ses 28 unités à travers tout le territoire national ont mis la clé sous le paillasson le 23 février 2008, les 1 490 de l''EPIH n'ont perçu aucun centime. Leurs droits sociaux, leurs indemnités et leurs salaires ne leur sont toujours pas versés. Intervenant dans la fabrication manuelle de balais, leur entreprise, l'EPIH, servait de refuge à ces parias de la société qui ne vivaient que de leur maigre salaire. Seule source de revenus qui garantissait à cette frange défavorisée de la population une vie digne. «Ce qui nous fait le plus mal, c'est que les autorités publiques, après la dissolution de l'entreprise, n'ont pas respecté les engagements pris et consignés dans le protocole d'accord que nous avons paraphé à la fin du mois de Ramadhan. Il nous ont promis, dans le cadre d'un départ volontaire, 30 mois de salaire en plus des primes, l'inscription au chômage, en attendant l'âge de la retraite anticipée, qui a été généreusement porté à 50 ans, ou la retraite au régime général pour les ouvriers âgés entre 50 et 59 ans, avec le SNMG. Malheureusement, six mois après, nous n'avons obtenu ni salaire, ni prime, ni aucun avantage social. On nous a abandonnés à notre triste sort», confie Merabti Slimane, secrétaire général de la section syndicale du défunt EPIH. Notre interlocuteur, qui s'est déplacé hier à notre rédaction pour nous exposer la situation délicate que vivent les ex-employés de cet organisme, a demandé l'implication du président de la République pour venir à leur secours. «Nous souffrons de la disette. Nous réclamons seulement nos droits. Avec quoi allons-nous subsister si on ne nous verse pas nos salaires et nos indemnisations ?» s'interroge M. Slimane, qui dénonce au passage l'attitude des ministères de la Solidarité et du Travail, lesquels leur demandent continuellement de patienter au lieu de procéder à l'attribution de leurs droits. «De plus, au moins 400 employés de dix anciennes unités n'ont pas perçu les allocations familiales et les indemnités de congés annuels pendant dix ans. C'est une grave injustice», s'écrie notre interlocuteur. Aujourd'hui, les travailleurs handicapés de l'EPIH réclament seulement que les engagements pris par les pouvoirs publics soient respectés. Eux qui sont déjà exclus de la société vivent cette situation comme une énième exclusion. «Même pour nous déplacer par train, alors que notre carte d'invalide nous donne en principe droit à des billets gratuits, la SNTF nous réclame des bons de la DAS pour pouvoir voyager librement. Est-ce juste de nous traiter de la sorte ?» s'indignent les travailleurs handicapés de l'EPIH. A. S.