Défaillance - C'est parce que le gouvernement a facilité ce business de plus en plus florissant, que les concessionnaires commercialisent des voitures «dangereuses» dans la légalité. L'Algérie est, en effet, l'un des rares pays au monde qui homologuent les véhicules non dotés d'équipements de sécurité. Les voitures en provenance de Chine, d'Inde, de Roumanie ou même d'Europe sont interdites par la majeure partie des pays à travers les cinq continents, alors qu'elles sont écoulées en Algérie en toute facilité. Le gouvernement, de par sa passivité et son insouciance face à la sécurité des usagers de la route, agit donc en complicité avec des concessionnaires qui envahissent le marché national de ces «outils de mort certaine en cas d'un simple accident». En 2005, le ministre de l'Industrie de l'époque, Hachemi Djaâboub, avait annoncé, lors de l'ouverture du Salon international de l'automobile, qu'un décret fixant de nouvelles normes d'homologation de véhicules était en préparation et que ce texte de loi devait prendre en compte les équipements de sécurité. Près de huit ans plus tard, rien n'a été fait dans ce sens ! Le dispositif législatif actuel ne tient en compte que les freins, les feux et les pneumatiques, alors que même les pays d'où sont originaires les voitures dépourvues d'airbags, des systèmes ABS et ESP, avaient adopté des mesures à même d'empêcher leur commercialisation. «C'est très simple ; l'Algérie est devenue un dépotoir pour les constructeurs automobiles. Ces sociétés ont raison, puisque le gouvernement algérien ne se soucie guère de la sécurité de ses administrés», rouspète Aâmi Rabah, retraité du corps de la police. L'exemple de Renault Symbol, un modèle très vendu ces derniers temps, est des plus explicites. Cette voiture est interdite de circulation en France, mais sa vente est largement permise dans notre pays. «La vie des Français est-elle plus importante que celle des Algériens ?», s'indigne notre interlocuteur. Le plus étonnant est que certaines marques ne disposent que d'un seul airbag, censé atténuer l'effet du choc pour le chauffeur sans se soucier du passager sur le siège avant. Les accidents de la route qui font des milliers de morts chaque année dans les différentes régions du pays sont dus, en partie, à l'état des véhicules. Les analyses effectuées par les services de sécurité et des experts ont, à maintes reprises, pointé du doigt la défaillance des véhicules en normes de sécurité, mais cela ne semble pas susciter une réaction des pouvoirs publics. Il suffit de voir comment deviennent les voitures concernées lorsqu'elles subissent un choc pour se rendre compte de leur fragilité. «Les voitures non dotées d'équipements de sécurité n'ont aucune résistance à l'accident. D'ailleurs, on les jette carrément à la casse, car elles ne peuvent même pas être réparées. On dirait qu'il s'agit de boîtes d'allumettes qui circulent sur nos routes. Il est vraiment aberrant que le gouvernement n'ait pas encore daigné prendre des décisions pour arrêter cette situation catastrophique !», s'insurge un conducteur d'un camion de dépannage. Il faudra attendre encore pour voir «la bonne intention» exprimée en 2005 se concrétiser...