L'Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A) accueille avec satisfaction l'élaboration du décret exécutif régissant leur profession. Adopté par le gouvernement mercredi dernier, ce décret devra mettre un terme, selon Mohammed Bairi, président de cette association « à l'anarchie qui caractérise ce marché, d'une part, et professionnaliser l'activité de concessionnaire, d'autre part ». Notre interlocuteur précise que les propositions formulées par l'association ont été prises en charge par le ministère de tutelle. Un décret bénéfique, ajoute-t-il, aussi bien pour le client algérien que pour les concessionnaires. Une chose est sure, ce décret, s'il devient applicable dans 18 mois comme exigé par le gouvernement, devra mettre un terme à la prolifération des marques automobiles dites bas de gamme, importées principalement du continent asiatique (chinoises, indiennes, sud-coréennes) sur nos routes. Des symboles que nous découvrons chaque jour et qui ne répondent, pour la plus grande majorité, ni aux normes de sécurité (passive et active) ni à celles de l'environnement et encore moins à celles du confort. Des marques, dont quelques-unes portent des écriteaux en chinois, sont introduites le plus normalement du monde dans nos ports sans que cela n'inquiète outre mesure nos gouvernants. Proposés à des prix défiant toute concurrence, ces véhicules ne cessent de grignoter des parts de marché importantes évaluées à plus de 25%. « Il ne suffit pas d'avoir un showroom de 200 m2 pour devenir un concessionnaire ou un importateur de véhicule. Il faut que tout importateur soit doté de tout ce qui entoure la commercialisation de ces véhicules, comme les ateliers de réparation, le service après-vente, des espaces suffisants pour accueillir sa clientèle, des structures adéquates et répondant aux normes internationales ainsi que des agents agréés à travers une grande partie du territoire national », précise M. Bairi qui estime du droit absolu du client de connaître tout ces détails avant de conclure le contrat d'achat. Le délai de livraison, fixé par l'une des dispositions du décret à 30 jours (sauf accord au préalable entre le concessionnaire automobile et le client mentionné sur le bon de commande), devra mettre un terme à l'indisponibilité du véhicule et aux retards de livraison que constate le client algérien. Cela obligera les importateurs à acquérir un stock de véhicules important pouvant répondre à la demande de sa clientèle. Les concessionnaires ne peuvent plus exiger une avance de 20, 40 et 50 %, ils devront se contenter de 10% du prix de cession du véhicule. Interrogé sur certains véhicules qui ne sont pas équipés de série des airbags et de l'ABS et qui sont vendus sur le marché, notre interlocuteur affirme que l'homologation des véhicules devra être plus stricte et plus rigoureuse. « Il est du droit du client d'exiger dans son véhicule, un minimum d'équipements de sécurité comme les airbags conducteur et passager et l'ABS », atteste M. Bairi. Interrogé sur l'obligation faite par le décret d''importer et de commercialiser des véhicules construits selon les normes en vigueur dans le pays d'origine, en l'occurrence les normes de qualité, de respect de l'environnement et de circulation, notre interlocuteur précise que les véhicules introduits en Algérie par les concessionnaires des grandes marques automobiles sont les mêmes que ceux fabriqués dans leur pays d'origine. « Qu'ils soient fabriqués en Amérique latine (Brésil – Argentine) ou en Turquie, ces véhicules sont conformes aux règles en vigueur dans leur pays d'origine et répondent aux normes internationales exigées par le constructeur », conclut-il. Le client algérien est-il vraiment roi ? Devant la prolifération des marques automobiles dans notre marché et la multiplication des offres de crédits véhicules, le client algérien est-il devenu roi aux yeux des concessionnaires ? Ceux que nous avons interrogés sont toutefois sceptiques. Ils affirment que la qualité du service après-vente offerte aux acquéreurs de véhicules neufs laisse à désirer. En plus des prix de la pièce de rechange et ceux de la main-d'œuvre jugés exorbitants, la majorité des concessionnaires n'offre pas, selon nos interlocuteurs, un SAV de qualité qui sied avec la renommée de la marque qu'ils représentent. « Au SAV, Je ne peux même pas suivre ce que les mécaniciens sont en train de fabriquer sur mon véhicule. Si je devais contrôler le travail accompli, je ne peux le faire puisqu'on m'interdit l'accès aux ateliers de réparation », affirme, dépité, un automobiliste. « Sauf chez certains concessionnaires où le client peut suivre à travers une large vitre, le travail accompli par des réparateurs, des concessionnaires, vous considèrent comme un porte-monnaie. Vous n'avez ni le droit de rouspéter ni de demander des comptes, sauf celui d'allonger votre argent au prix fort », dira un autre client. D'autres sont formels en attestant que chez certains représentants de marques mondialement connues : « On vous fourgue même de la pièce de rechange contrefaite aux ateliers de réparation que vous payez au prix de celle d'origine. Vous payez même pour des prestations qui n'ont même pas été accomplies ou que vous ne pouvez même pas contrôler. On vous change même l'huile du moteur, le filtre à l'huile, le filtre à air dès la première vidange de 2000 km au prix de 3000 DA et même plus. C'est du jamais vu. Où est la garantie dans tout cela ? », s'emporte cet automobiliste. Sur la qualité des véhicules fabriqués dans des pays « en voie de développement » et destiné aux marchés « émergents », les automobiliste que nous avons interrogés sont sceptiques également sur la conformité de ces véhicules avec ceux qu'on retrouve sur les routes européennes, japonaises ou nord-américaines, par exemple : « Excepté quelques grandes marques, les véhicules destinés au marché algérien ne sont pas aux même normes que ceux que l'on retrouve en France, en Suède ou au Japon par exemple. Vous pouvez interroger n'importe quel mécanicien, il vous dira que les éléments de sécurité passive et active qui équipent nos véhicules laissent à désirer sur certaines marques et que même la qualité de certaines pièces du moteur ou de l'habitacle ne sont pas les mêmes que sur ceux qui circulent dans leur pays d'origine. » « Ces pays qui sont très développés sont extrêmement sévères en matière de protection de l'environnement et de la sécurité passive et active des occupants du véhicule », conclut-il. Alors ce décret sera-t-il réellement appliqué ? Wait and see.