Parallèle - «Une mémoire collective qui s'égare, n'est pas comme une personne qui se perd.» Dans son intervention intitulée «La dynamique de la signification dans le patrimoine mozabite à Ghardaïa», Abdelkrim Dahmen, architecte-enseignant, définit le patrimoine en tant que processus de reconnaissance des éléments matériels ou immatériels qui fondent l'héritage commun à préserver, à (ré)utiliser et à transmettre aux générations futures. Citant l'exemple du M'zab, avec son système architectural unique dû à la maîtrise des métiers du bâtiment et au système constructif adapté, l'orateur a parlé d'alternatives prometteuses à l'image du nouveau quartier du Tafilelt, construit sur un monticule en face de Beni-Isguen «une redéfinition contemporaine du système de production du cadre bâti authentique du Mzab». Tadjninet (El-Ateuf) vers 1002, At-Bounour (Bounoura) vers 1046, Taghardait (Ghardaïa) vers 1053, At-Mlichet (Melika) vers 1124, At-Yezdjen (Beni-Isguen) vers 1347, Legrara (Guerrara) vers 1630 et At-Borkane (Berrayane) vers 1679, sont témoins de cette mémoire collective. Ils sont conçus selon une architecture équilibrée entre l'homme et la nature qui a ébloui, en 1938, les architectes Jean Bossu et Le Corbusier, lors de leurs visites effectuées au M'zab. Il y a là une leçon d'architecture locale et mondiale (patrimoine de l'humanité en 1980). Avec le respect du site, selon Dahmen, d'un système constructif parfaitement intégré à son environnement, un cadre adapté à son environnement et durable, une architecture de lumière dans les espaces publics et privés, «l'Unesco décrit l'architecture du M'zab, comme étant conçue pour la vie en communauté, tout en respectant les structures familiales. C'est une source d'inspiration pour les urbanistes d'aujourd'hui». Intervenant lors de la même rencontre sur «le patrimoine architectural : un acte de bâtir, passé, présent et futur», Nemour Houcine, responsable du bureau d'études Urbat à Ghardaïa, a expliqué que les espaces urbains médiévaux ont depuis toujours apporté des volets positifs à l'humanité. L'importance de cette harmonie, selon lui, réside dans la rationalité de l'espace, l'échelle humaine et les pratiques sociales qui sont les 3 principaux éléments pris en considération pour la production de tout le patrimoine bâti. Le jeune archéologue à l'Opvm, Yahia Benmensour, nous résume tout cela en une phrase : «Une mémoire collective qui s'égare, n'est pas comme une personne qui se perd.»