Portrait - Samar Bendaoud est danseuse et chorégraphe s'adonnant pleinement à la création et à l'expression corporelle. Samar Bendaoud représente la compagnie Sylphide – c'est le nom d'un répertoire de ballet. «A la base, c'est une école de danse, elle existe depuis plusieurs années, et à partir de là, on a constitué une troupe. On forme des élèves dans le but d'en faire de futurs danseurs», dira Samar Bendaoud. Samar Bendaoud est danseuse et chorégraphe. A la question de savoir quelle différence il y a entre danseur et chorégraphe, cette dernière expliquera : «Le danseur (ou la danseuse) interprète sur scène, et le chorégraphe crée des phrases chorégraphiques ; la chorégraphie est une écriture de la danse. Danser, ce sont des pas qu'on exécute à travers des émotions.» Samar Bendaoud, dont les inspirations sont son vécu – le sien – ainsi que celui des autres, c'est-à-dire les expériences personnelles, les relations avec les autres, à savoir ce qu'elle voit, ce qu'elle ressent, reconnaît la difficulté de chorégraphier le vécu, donc la réalité. «C'est un travail difficile. Car c'est très personnel, donc il est difficile de le mettre en espace. Quand je dis mon vécu, c'est dire et exprimer à travers ce que j'ai vu dans mon vécu. Lorsqu'on parle du vécu des autres, c'est qu'on s'arrête quelque part. on réfléchit à un thème bien précis.» Dans son travail de création, Samar Bendaoud s'essaie naturellement à puiser dans les tréfonds de sa personne, dans son intériorité. Mais à aucun moment, elle ne se met en quête du mouvement. Bien au contraire, elle donne libre cours à son corps, elle le laisse parler. «Je crois que je trouve un peu bête d'entrer dans une salle de danse et d'essayer de chercher le mouvement. Il est où le sentiment dans tout ça si l'on s'essaie à chercher le mouvement ? Moi je préfère être dans mon monde, dans mon mouvement, c'est-à-dire dans l'émotion, et à travers celle-ci, qui est à l'intérieur de moi et qui me nourrit, il y a le corps qui parle. Quand le thème m'habite, me parle, le mouvement vient naturellement. L'émotion alimente le mouvement», explique-t-elle. Par ailleurs, Samar Bendaoud assure qu'elle ne cherche pas, non plus, à thématiser ses créations. «Les thèmes viennent tous seuls», soutient-elle. Pour illustrer son propos, elle donne l'exemple de sa dernière création qui a pour titre «Troubles» – c'est l'histoire d'une femme – elle est Algérienne – qui est sujette aux tabous et aux traditions et aussi à la modernité. Une femme tiraillée par tant de contrastes et de contradictions. Cette femme est une allégorie de la société algérienne. «Ce travail remonte à 2008. J'étais à la maison et j'avais un bout de papier. Je commençais alors à balancer sans réfléchir des phrases qui, peut-être, ne voulaient rien dire. J'étais dans un état d'esprit. J'ai écrit des phrases que je n'ai pas relues sur le coup. J'ai mis le bout de papier quelque part. Et quelque temps plus tard, je tombe sur ce papier sans le chercher. Je le redécouvre, je redécouvre les phrases que j'ai écrites. J'en ai parlé à Toufik Kara (chorégraphe) qui a lu le texte. Et de là, l'aventure a commencé.» Enfin, à la question de savoir quel rapport elle entretient avec le corps, Samar Bendaoud répondra : «Franchement, je ne me suis jamais posé la question. Parce que cela n'a jamais été important pour moi. Simplement, le corps est un langage, un moyen d'expression. Et si je danse, c'est juste par envie de danser.»