Manifestation - La crise en Egypte s'enlise. Deux ans après la chute de Moubarak, c'est le départ de Morsi qui est exigé. L'opposition égyptienne a en effet, intensifié sa pression hier samedi, en déclarant s'associer aux appels au départ du président Mohamed Morsi. Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, a affirmé ainsi, «se ranger totalement au côté des appels du peuple égyptien et de ses forces vives à une chute du régime de la tyrannie et (à la fin de) l'hégémonie des Frères musulmans», dont est issu M. Morsi. Cette déclaration a été publiée au terme d'une réunion du FSN, après une nuit de violences devant le palais présidentiel, au cours de laquelle une personne a été tuée et des dizaines blessées. L'opposition réclame aussi un «enquête indépendante» sur les «crimes» des forces de l'ordre dans les manifestations qui ont fait près de 60 morts depuis un peu plus d'une semaine, afin que le chef de l'Etat et son ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, soient poursuivis en justice. Elle appelle également à poursuivre la vague de manifestations contre le pouvoir. Les revendications du FSN portaient jusqu'à présent sur la formation d'un «gouvernement de salut national», ou encore des amendements à la Constitution adoptée en décembre. Le FSN n'abandonne pas ces demandes ni un possible dialogue avec le pouvoir, mais son communiqué exclut de pouvoir «discuter de la question du dialogue (...) avant que l'effusion du sang ne cesse, que ses responsables rendent des comptes et que les revendications (de l'opposition) soient satisfaites». L'opposition accuse M. Morsi et les Frères musulmans de chercher à monopoliser le pouvoir et à établir un régime autoritaire et religieux. Les partisans du président font valoir qu'il a été démocratiquement élu, et qu'il est le premier civil à accéder à cette fonction après une succession de militaires. Entre les deux camps, les manifestants qui défilent dans les rues du pays depuis plus d'une semaine scandent pour leur part des slogans similaires à ceux de la révolte qui fit partir Hosni Moubarak en 2011, comme «Dégage». Ils étaient des centaines – manifestants – à se rassembler hier soir, devant le palais présidentiel au Caire, jetant des pierres et des cocktails Molotov contre l'enceinte du bâtiment. Une vidéo qui met le feu aux poudres L'opposition égyptienne a appelé, hier, samedi, à la démission du ministre de l'Intérieur après des séquences vidéo montrant un homme nu sauvagement battu et traîné lors de la répression vendredi soir d'une manifestation devant le palais présidentiel au Caire. Une telle affaire «ne peut pas être réglée par de simples excuses du porte-parole du ministère de l'Intérieur», a dit Khaled Daoud, du FSN. En soirée, le ministre s'est dit «prêt à démissionner immédiatement si cela arrange le peuple». L'homme, Hamadah Saber Mohamed Ali, un ouvrier de 50 ans, dans une interview à la télévision d'Etat, a affirmé que des manifestants l'avaient pris pour un policier et l'avaient déshabillé. «Ils m'ont entouré et m'ont malmené. Ils m'ont pris mes vêtements, et après ils ont dit : ‘'Eh mais cet homme n'est pas un policier, c'est un vieil homme''», a-t-il déclaré. Ensuite, «j'ai essayé de résister à la police parce que je ne voulais pas aller dans leur véhicule, mais j'ai alors réalisé qu'ils essayaient de me sauver», a-t-il poursuivi. Peu après la diffusion de cette interview, des proches de la victime ont déclaré sur plusieurs chaînes de télévision que l'homme mentait car il faisait «l'objet de beaucoup de pressions» et qu'il avait peur.