En voyant rouge avec une exclusion parfaitement justifiée qui a entraîné l'ouverture du score de Valence sur penalty juste avant la pause, Fabien Barthez a scellé le sort de la finale de la Coupe de l'Uefa de football et Marseille a, d'un seul coup, broyé du noir. A la 45e minute, la première période s'achevait sur un score de parité logique quand Curro Torres centrait de la droite au deuxième poteau sur Mista, qui contrôlait de la poitrine et dribblait Barthez. Mais, les deux pieds en avant, le gardien international fauchait le meilleur buteur espagnol de la Liga. L'Italien M. Collina n'hésitait pas. Penalty. Puis carton rouge. Rouge vif comme le maillot d'un Barthez qui sortait directement sans mot dire, sans contester, sous les yeux de supporteurs français interloqués. Le match était déjà perdu. Meriem sortait, remplacé par Gavanon qui, à froid, était pris à contre-pied par Vicente. Dans la foulée, le jeune gardien marseillais rejoignait les vestiaires sans avoir touché la balle et les neuf autres olympiens avec lui, abasourdis, en pensant que le ciel leur était tombé sur la tête. Le virage valencien, qui n'en demandait pas tant, chavirait. Venu à Göteborg achever en beauté avec l'OM une saison entamée comme remplaçant du remplaçant du gardien titulaire de Manchester United, Barthez, 32 ans, n'aura pu assumer son statut de leader. Le détenteur du record de sélections pour un gardien français (65) clôture une saison mouvementée sur un nouvel événement, lui qui a sauvé tant de fois les siens, à Liverpool ou à Newcastle avec des arrêts capitaux et une présence rassurante pour la défense. Forcé à s'asseoir en tribune ou sur le banc à Manchester d'avril à octobre 2003 avant d'être prêté à l'OM, mais chômeur malgré lui jusqu'en janvier faute de dérogation, son grand retour dans «son club» ?comme il aime à le dire et où il a d'ailleurs signé pour deux ans?, aura été un succès complet, jusqu'à ce tacle sur Mista, qui a déstabilisé tout l'édifice marseillais. Barthez comptait pourtant bien devenir le seul joueur de l'OM à remporter deux Coupes d'Europe, onze ans après le sacre de 1993 en Ligue des champions. Mais, ironie du sort, c'est quasiment à la même minute (44e) qu'à Munich, contre le Milan AC, l'OM avait construit son succès grâce à une tête de Basile Boli, présent dans les tribunes d'Ulllevi hier.