Résumé de la 3e partie - Massinissa et le général romain Scipion l'Africain reprirent leurs attaques, obligeant cette fois-ci les troupes puniques à se replier sur Carthage. Massinissa se rendit aussitôt au palais où il retrouva Sophonisbe, épouse de Syphax et fille d'Hasdrubal Gisco, qui, d'après Appien, lui avait été auparavant promise, et l'épousa sur-le-champ. Mais Scipion désapprouva ce mariage hâtif, et Massinissa se résolut à faire parvenir du poison à la reine afin de lui éviter le déshonneur de la captivité (il est cependant difficile d'établir la réalité historique de ces faits). Massinissa, après plusieurs années d'errance, put ainsi reprendre le royaume de ses pères. Carthage, vaincue, fut obligée de signer une paix qui la priva d'une grande partie de ses territoires et de sa flotte. Le retour d'Hannibal, qui avait mis fin à la campagne d'Italie, souleva les espoirs de la cité. Un incident rompit bientôt la paix et la guerre reprit. Hannibal s'allia à Vermina, le fils et successeur de Syphax et, ensemble, ils envahirent le royaume des Massyles. Massinissa et Scipion les rejoignirent à Zama et une grande bataille s'engagea (202 avant J.-C.). Le choc fut rude et il y eut des pertes des deux côtés, puis la bataille tourna à l'avantage de Massinissa et de Scipion. Massinissa, qui était un rude guerrier, encouragera la littérature et les arts, envoya ses enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux écrivains et artistes étrangers. Ce fut un homme courageux et un roi généreux (pardon accordé à Lacumazes et Meztul, protection accordée à Sophonisbe). Après la bataille de Zama, Massinissa vécut encore de nombreuses années. Il garda, sa vie durant, l'amitié de Rome sans jamais être son vassal et, contre ses appétits impérialistes, déclara, dans une formule restée célèbre : «L'Afrique appartient aux Africains.» Il récupéra non seulement les territoires que lui accordait le traité passé avec Carthage, mais aussi de nombreuses villes et régions sous l'autorité des Carthaginois ou de Vermina, le fils de Syphax. De 174 à 172, il occupa soixante-dix villes et forts. Mais Massinissa savait aussi se comporter en souverain raffiné, portant de riches vêtements et une couronne sur la tête, donnant, dans son palais de Cirta, des banquets où les tables étaient chargées de vaisselle d'or et d'argent et où se produisaient des musiciens venus de Grèce. Massinissa avait combattu les Carthaginois, mais il ne dédaigna guère la civilisation carthaginoise, dont il sut tirer avantage. La langue punique fut d'usage courant dans sa capitale où on parlait également, outre le berbère, les langues grecque et latine. L'œuvre sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son œuvre militaire. Il sédentarisa les Amazighs, édifia un Etat numide puissant et le dota d'institutions inspirées de celles de Rome et de Carthage. Il fit frapper une monnaie nationale et entretint une armée régulière et une flotte qu'il mit parfois au service de ses alliés romains. (A suivre...)