C'est le qualificatif employé ce matin par le président du groupe à propos des affaires de pots-de-vin qui secouent la compagnie nationale. Il a annoncé des mesures anti-corruption dans la passation des marchés et du contrôle interne de la société. Abdelhamid Zerguine annonce également la création d'un service d'audit, indépendant de tout organigramme de l'entreprise. - Des vigiles armés pour la sécurité des sites Après avoir condamné les faits révélés par certains médias nationaux et étrangers dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2, Abdelhamid Zerguine qualifie ces agissements d'«individuels». Dans son intervention ce dimanche matin sur les ondes de la chaîne III, le premier responsable de l'entreprise assure que «Sonatrach est bien plus forte que cela». Ces scandales ne devraient pas, cependant, avoir «d'impact sur l'approvisionnement du pays», assure t-il avant de rendre hommage aux 160 000 travailleurs de l'entreprise. «Ils méritent le respect car leur devoir, chacun le remplit de façon magistrale», réagit-il face à ces scandales à répétition impliquant des personnalités algériennes dans des faits à caractère pénal et plus précisément de corruption. Abdelhamid Zerguine dit comprendre que «les populations puissent être choquées par ce qui se passe à Sonatrach car c'est le joyau du pays, voire la pierre angulaire de son développement». Après insistance, M. Zerguine finit tout de même par reconnaître que «les préjudices, il peut y en avoir» sur l'entreprise qui a dû prendre une série de mesures à même de lutter contre ce phénomène. Le nouveau dispositif devrait agir sur le contrôle interne de la société, mais surtout lors des contrats de passation de marché. «Nous sommes tiraillés par l'avancement de nos objectifs et leur réalisation et puis de l'autre côté l'éthique que nous devons respecter. Nous venons de promulguer la R18 qui est une nouvelle procédure qui allie, de notre point de vue, ces deux contraintes», précise M. Zerguine. Cette procédure a été, dit-il, «passée en revue et amendée par l'ensemble des dirigeants». Sonatrach a, en outre, conforté «une restructuration de la fonction audit, en la rendant fortement indépendante des organigrammes usuels de Sonatrach. Elle agit par pôles et aura à faire des investigations et à imposer l'éthique partout», a expliqué M. Zerguine. Le scandale qui vient de secouer de nouveau Sonatrach, qui assure près de 98 % des recettes en devises au pays, porte sur des pots-de-vin qui auraient été versés par le géant italien Eni à des responsables algériens. Le Parquet d'Alger a ordonné le 10 février dernier l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle corruption liée à des contrats entre Eni et Sonatrach. Selon les médias italiens, le patron d'Eni, Paolo Scaroni est soupçonné d'avoir participé à au moins une rencontre à Paris destinée à faire obtenir à Eni et à sa filiale Saipem un marché évalué à 11 milliards de dollars avec Sonatrach. Dans ce but, une commission occulte de 197 millions d'euros aurait été versée, via un intermédiaire, à de hauts responsables algériens. Plusieurs hauts responsables, dont Chakib Khelil l'ex-ministre de l'Energie et des Mines et Farid Bedjaoui, neveu d'un ancien chef de la diplomatie d'Alger, sont soupçonnés d'être impliqués dans cette série de scandales de corruption. Des vigiles armés pour la sécurité des sites Abordant le volet de la protection et de la sécurisation des sites de production de Sonatrach, M. Zerguine révèle que la révision de l'ensemble des dispositifs de l'entreprise «avait permis de diagnostiquer certaines insuffisances que nous avons étudiées et que nous sommes en train aujourd'hui de mettre à niveau». Dans la liste des défaillances sécuritaires relevées au lendemain de l'attaque de Tiguentourine, figure, en premier lieu, l'absence «de personnel armé», selon M. Zerguine. Le patron de Sonatrach a indiqué que «les mesures relèvent d'abord de la réglementation et de la loi. Sonatrach a toujours veillé à respecter ces dispositions. Il est vrai que nous avions fait une revue de l'ensemble de ces dispositions pour essayer de voir dans quelles mesures nous allons pouvoir les renforcer. Nous avons fait des propositions, mais nous ne pouvions les mettre en place qu'une fois adaptées au plan réglementaire». Le nouveau dispositif devrait permettre à l'entreprise de mieux sécuriser notamment «les sites reculés où nous voudrions systématiquement demander du personnel armé». Cette mesure ne devrait pas, néanmoins, être généralisée à tous les sites gaziers. «A chaque fois que nous pouvons l'éviter nous le ferons sauf pour les sites dont les conditions sécuritaires l'imposent», affirme M. Zerguine.