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Histoires vraies
La maison des deux ponts (1re partie)
Publié dans Info Soir le 16 - 03 - 2013

C'est un arrachement : l'affiche blanche, couverte de lettres noires, punaisée sur la porte. Tous ces gens venus voir en curieux la vente de la «maison des deux ponts». Une grande bâtisse, splendide, lourde, un restant de ferme fortifiée, avec un moulin, une tour ronde, un puits, des greniers, des caves et même un souterrain qui ne mène plus nulle part. Et les deux ponts sur la rivière, le seul accès à la maison, l'un pour les piétons, l'autre pour les charrettes, les tracteurs, les voitures. L'un fragile, étroit, aux rambardes moussues ; l'autre large et solide, bien assis sur des arcs de pierre. Tout cela vaut des millions, dit-on. Mais des millions pour qui ? Le notaire l'a dit, une vente aux enchères dans ces conditions paiera tout juste les créanciers. Volets clos, rouges des guirlandes de vigne vierge, la maison des deux ponts est vendue au plus offrant, et l'on murmure alentour des histoires de «combine», de prix fixé d'avance, de limite aux enchères. Celui qui achètera, dit-on, le notaire le connaît déjà. Une vieille paysanne, jadis employée sur ces terres immenses, grommelle : «Tout ça, c'est truquage et compagnie.»
Vraie ou fausse, l'histoire de cette faillite est si compliquée, si longue, tant de dossiers, d'huissiers, de banques et de reconnaissances de dettes en dix ans.
Un créancier, venu s'assurer qu'il ne serait pas oublié dans les comptes, assure :
«Une vache n'y retrouverait pas ses veaux.»
Eux ne sont pas là. Eux, les faillis, les honteux, les misérables d'aujourd'hui, se sont réfugiés au bourg, dans les derniers murs qui leur restent. Une petite maison sans confort, triste, héritage oublié, qui échappera au désastre. Ils se prénomment Yves et Rose, avec un nom à rallonge. Ancienne noblesse paysanne, vendéenne et farouche. Ils avaient cru tenir, ils n'ont pas su. Comment repartir à zéro à cinquante ans ? Comment effacer les habitudes de liberté, de propriété ? Comment vivre désormais sans le refuge des grands murs, la certitude d'un passé de plusieurs générations ?
Yves, ce matin de 1970, dit à sa femme Rose : «Je vais faire un tour, j'ai besoin de prendre l'air.»
Rose lui trouve un drôle d'air, les yeux creusés, un peu fixes. Mais ce jour est un jour si difficile à vivre. Elle répond :
«Je vais laver du linge, pour m'occuper.»
II s'en va, il quitte doucement cette maison étrangère, où ils sont arrivés la veille avec quelques valises et des cartons.
Rose essaie de ne pas penser au chagrin, d'oublier les meubles vendus, la vaisselle emportée et se met à l'ouvrage, comme un automate.
Yves D., cinquante-quatre ans, ancien propriétaire de la maison des deux ponts, dernier représentant d'une famille ancienne et profondément catholique, a décidé de finir ses jours sur la terre de ses ancêtres.
Il a marché jusqu'à la station des cars, on l'a vu prendre un billet, le contrôleur est la dernière personne à l'avoir vu vivant. Pour gagner le petit bois derrière la maison des deux ponts, il a dû marcher à travers champs et se dissimuler aux regards. Un garde forestier l'a découvert deux jours plus tard. Pendu à une branche de marronnier.
Ainsi que le précise le rapport de gendarmerie : «Le désespéré s'est rendu sur son ancienne propriété, avec la volonté délibérée de mettre fin à ses jours. Il a atteint la branche la plus basse d'un arbre, en grimpant par ses propres moyens le long du tronc, il a attaché une corde à la branche, puis sa ceinture à la corde. Il a passé la ceinture autour de son cou et s'est jeté dans le vide, à plus de trois mètres du sol. La victime n'a laissé aucune lettre, et le contenu de ses poches, détaillé par ailleurs, ne présentait rien de particulier. (A suivre...)


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