Ouf ! Il était temps. Voilà signé le fameux décret officialisant l?école privée. Un feu vert qui a drôlement tardé à venir : quinze ans après l?entrée en clandestinité de ce type d?école et trois ans après l?adoption du rapport final de la Commission nationale de réforme du système éducatif. Faut-il ouvrir le débat sur les causes de ce retard ou se contenter d?aborder l?impact souhaité que ce décret aura sur la scène scolaire ? Il est malheureux de le dire : tant que les blocages qui ont alimenté ce retard n?auront pas été cernés et évacués (politiquement), le monde scolaire algérien ne tirera pas grand bénéfice de ce décret. D?un côté, des signes avant-coureurs d?une levée de boucliers se lisent déjà à travers les prises de position des principaux concernés. En effet, des articles de ce décret sont rejetés par un grand nombre de parents partisans de l?école privée. D?un autre côté, les pouvoirs publics, longtemps nourris à l?idéologie du monopole étatique, n?ont pas jugé utile de faire précéder la signature de ce décret par un débat élargi. Cette absence de communication risque de perturber les rapports entre les partenaires chargés de gérer ce dossier sensible. Sur le chapitre de la concertation, on apprend que le ministre de l?Education nationale compte organiser une rencontre avec les patrons d?écoles privées. Ne vient-elle pas un peu tard lorsque l?on sait que le cahier des charges régissant l?ouverture de ce type d?école est déjà fin prêt ? Dans un entretien accordé à un confrère de la presse écrite, M. Benbouzid a affirmé son souci de la consultation : «? cette réforme concerne tout le monde. Nous voulons recueillir les points de vue des concernés pour épouser correctement le terrain. Les conditions d?ouverture seront soumises à un cahier des charges intransigeant». Le ton est donc donné, espérons seulement que les normes en matière d?architecture et de sécurité seront appliquées à la lettre. A ce jour, très rares sont les écoles privées qui répondent à ces normes. Elles sont, pour la plupart, ouvertes dans des appartements jumelés ou dans des villas spacieuses. Des structures très éloignées de ce que doit être un établissement scolaire. Quel sera donc le sort de ces écoles piégées par leur architecture ? Le ministre se veut rassurant : «Pour ceux qui ont déjà commencé dans ce domaine, nous allons les aider dans un état de transition afin qu?ils se conforment aux textes officiels.» Le délai accordé est d?une année. Est-il suffisant ? Attendons de voir le contenu de ce cahier de charges.