En faisant ce constat, ce mardi matin, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, estime que les magistrats dans les conditions actuelles, ne peuvent faire leur travail correctement. Il rappelle en effet que ces derniers doivent traiter de 100 à 150 dossiers par jour. La CNCPPDH appelle à la mise en place des mécanismes nécessaires à l'amélioration qualitative du système judiciaire. «Le justiciable algérien a droit à une justice de qualité. C'est quelque chose qui est à notre portée. Il faut faire l'effort dans la formation professionnelle pour y arriver», souligne le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) qui était l'invité de la Chaîne III ce mardi matin. Pour Maître Farouk Kesentini, «la justice vit une inflation considérable. Des magistrats entrent en audience avec 100 à 150 dossiers. Comment peut-on exiger d'une équipe de magistrats de juger correctement 150 dossiers dans une seule journée ? Ce n'est pas possible. La justice ce n'est pas une industrie.» Il déclare à ce sujet souhaiter voir les autorités revenir aux conclusions du rapport Issaâd qui «a été classé dans un tiroir et demeuré sans suite». «Le code de procédure civile et administrative est un fatras de choses inadmissibles, néfaste et contreproductif», déplore-t-il dans ce sillage. «C'est un code qu'il faut abroger de bout en bout», insiste-t-il. Concernant la révision de la Constitution, Me Ksentini a déclaré que «le Président est garant de la Constitution, cela veut dire qu'il est garant de son fonctionnement. Mais il peut être dévolu à l'Armée nationale le rôle d'être la gardienne de cette Constitution de façon à ce que celle-ci échappe à toute possibilité de manipulation ou de modification plus ou moins empressée, inobjective et inutile», suggère Maître Farouk Ksentini au lendemain de l'installation de la commission chargée d'élaborer l'avant-projet de loi sur la révision constitutionnelle. Il souhaite, à la faveur de cette révision, s'inspirer du modèle turc. Ce pays demeure «sur le plan institutionnel extrêmement stable», dit-il tout en rappelant que «l'Algérie est un Etat laïque». Pour Ksentini, nous ne sommes ni un Etat théocratique ni islamique et l'article 2 n'est pas en contradiction avec cette laïcité de l'Etat. «Je ne suis pas pour l'abrogation de l'article 2 mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas un Etat laïque. Les gens n'osent tout simplement pas le dire et confondent entre la laïcité et l'athéisme. C'est une des constantes de notre société qui ne sera pas remise en cause par les experts qui préparent le projet de Constitution», insiste-t-il. L'article 2, rappelons-le, stipule que l'islam est la religion de l'Etat. A la question de savoir s'il faut distinguer entre le pouvoir législatif et exécutif dans cette nouvelle Constitution, Me Ksentini dira : «Il faut équilibrer les pouvoirs et qu'ils aient la même efficacité». - Dans son rapport sur la situation des jeunes au Sud, la CNCPPDH revient sur l'urgence de mettre fin aux disparités entre le Nord et le Sud. La Commission considère ces revendications, dont l'emploi et le logement, «légitimes». «Ce sont des jeunes diplômés et qualifiés qui sont discriminés et n'arrivent pas à se faire recruter sur place par les sociétés qui opèrent dans le pétrole. Une situation qui dure depuis des années, ce qui a fait que le nombre de jeunes réduits au chômage ne cesse d'augmenter d'année en année à tel point que la situation est devenue insupportable», précise-t-il. Le rapport semble pointer du doigt en premier lieu les multinationales, mais aussi Sonatrach qui «préfère les jeunes du Nord pour des raisons qui nous échappent».