Avancée - L'ampleur de l'obésité chez les enfants reste méconnue en Algérie en raison de l'absence d'une étude nationale sur cette maladie qui progresse sans relâche, a affirmé, jeudi, le Dr Bouchrit Ghania. Cette spécialiste en épidémiologie scolaire dans l'Unité de dépistage et de suivi (UDS) de la commune de Bouzaréah, a ajouté, que l'obésité en Algérie est un véritable problème de santé publique qui touche en moyenne 1 enfant sur 6, selon une étude locale réalisée en 2008 par cette unité dans 6 communes. Cette étude, réalisée sur un échantillon de 2 800 élèves dont 90 % sont âgés de moins de 16 ans, a montré qu'entre 16 et 19 % des enfants sont obèses. «Les filles sont plus obèses que les garçons en raison de la malbouffe et du manque d'activité physique. Le taux d'obésité chez les filles peut atteindre jusqu'à 22 % et presque 36% ont un tour de taille excédentaire». C'est un mauvais signe qui explique que ces filles peuvent développer dans le temps plusieurs maladies telles que le diabète, certains types de cancer, l'hypertension artérielle et d'autres maladies comme le rhumatisme. S'agissant des raisons de l'obésité, cette même étude a révélé que seulement 34 % des élèves déclarent avoir pratiqué du sport hors de l'école. Ces enfants consomment beaucoup de produits emballés, du chocolat, des merguez et des fritures à plus de 75 % à raison de 1 à 3 fois par semaine. Ils mangent souvent dans les fast-foods et consomment quotidiennement du soda. Outre le régime alimentaire déséquilibré, ces jeunes enfants passent plus de 60 % de leur temps devant la télé, le micro-ordinateur (jeux vidéo...) ou branchés sur le Net. En matière de connaissances nutritionnelles, moins de la moitié de ces enfants ne savent pas manger et ne sont pas informés sur ce qui est utile au développement de leur santé. A propos du facteur héréditaire, il a été mentionné que si le père est obèse, le risque d'occasionner l'obésité chez l'enfant est plus de 2 fois plus élevé et si c'est la mère qui est obèse le risque est de 5 fois élevé. Ainsi, le Dr Bouchrit, a recommandé la promotion de l'activité physique, le lancement d'un programme sur l'éducation nutritionnelle à tous les niveaux, à l'école, au sein des parents, au niveau des PMI ainsi que le dépistage du surpoids chez les femmes durant leur grossesse. «L'enfant obèse devient avec le temps un adulte obèse, donc il faut lancer un programme de prévention pour lutter efficacement contre les facteurs favorisant la progression de l'obésité», a-t-elle préconisé. L'obésité est définie comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé de l'individu. Pour sa part, le Dr Aroua, pédiatre, a souligné que l'OMS considère l'obésité comme une maladie à part entière depuis 1997. Quant à la psychologue Nadira Khan, elle a essayé d'expliquer que l'obésité est le résultat de plusieurs facteurs psychologiques liés aux perturbations psychiques dues aux troubles psychiques qui favorisent la boulimie dans certains cas, sans oublier, d'autres habitudes culturelles en raison des changements socioéconomiques et le mode de vie en Algérie. - Selon l'OMS environ 53 % des femmes et 36 % des hommes en Algérie souffrent de surpoids. Selon l'étude Tahina réalisée en 2002, le taux d'obésité en Algérie est de 55,9 %, soit 41 % d'hommes et 66,5 % de femmes.