Confidences - Rachid Taha est un artiste qui n'est plus à présenter. C'est un chanteur et compositeur. Sa musique est inspirée de différents styles, tels que le raï et le chaâbi. C'est un artiste connu sur la scène internationale, sollicité par tous, sauf qu'il est absent des salles algériennes. «Moi je suis toujours actif, mais il n'y a pas de demande ici en Algérie. J'arrive à me produire au Maroc et en Tunisie et même ailleurs, mais en Algérie je ne suis pas sollicité. Je ne reçois pas d'invitation pour me produire. La seule invitation que j'ai reçue il y a quelque temps, c'était celle formulée par l'intermédiaire du Centre culturel français en Algérie», regrette-t-il. A la question de savoir s'il est possible de le voir dans des expériences, à l'exemple de 1 2 3 soleil, une expérience ayant réuni dans les années 1990 Rachid Taha, Khaled et Faudel, Rachid Taha répondra : «Non, je n'ai pas de pareils projets, comme chacun sait, ma démarche à moi est de faire des Diwan pour rendre hommage aux artistes arabes et algériens. C'est une manière de montrer aux Occidentaux que nous, les Arabes, nous n'avons pas seulement que le pétrole, nous avons aussi de la culture. Dans mon dernier album, Diwan 3, j'ai réuni des chanteurs et des chanteuses et je prévois de faire une soirée chaâbie à Paris.» Force est de constater que, après le raï, le chaâbi connaît un certain intérêt auprès du public français. A ce propos, Rachid Taha dira : «Non...pour l'Occident, le raï ou le chaâbi, ce sont des genres de musiques exotiques. Ils achètent un disque ou un ticket pour un concert de 1 2 3 soleil seulement pour se distraire et après, c'est rien. C'est comme un couscoussier à la maison. Si on fait allusion à El Gusto, le public en France qui va voir ce genre de concert, est un public restreint, ce sont des bourgeois algériens et des pieds-noirs qui ont le mal du pays. Il n'y a pas de jeunes qui vont assister à ces spectacles, ceux-la préfèrent plutôt aller voir les concerts de Beyoncé et de Rihanna.» Mami et Khaled ont réussi à exporter le raï à l'étranger et, par ricochet, à l'imposer sur la scène internationale. Selon l'idée reçue, les artistes algériens réussissent mieux ailleurs que dans leur pays. «Ils ne réussissent pas», déclare Rachid Taha, et d'expliquer : «Il y a effectivement des chanteurs algériens qui se produisent en France, mais seulement dans des cabarets ou des soirées privées. Il n'y a qu'Idir qui a réussi à avoir une notoriété internationale. C'est aussi parce que c'est un artiste sérieux. Le reste des artistes n'est pas rigoureux dans son travail, il n'a pas une démarche artistique, il a une démarche ‘'pognon''. Dès que ces artistes ont du succès, ça leur monte à la tête et ils ne savent plus le gérer. Ils ne produisent plus et ils disparaissent tout de suite. On a l'exemple de Khaled et Mami. La scène est vide actuellement. Il n'y a que moi qui fais encore des tournées.» - Rachid Taha déplore que certains artistes se livrent au piratage. «Sans vouloir citer de noms, il y a ceux qui piquent d'anciennes chansons et même du vivant de leurs auteurs et les mettent à leur nom», s'indigne-t-il, et d'ajouter : «Si je n'avais pas inscrit la chanson Ya rayah à la Sacem des droits d'auteur en France, jamais la famille de Dahmane El-Harrachi n'aurait reçu son dû. Comment voulez-vous être respecté en tant qu'artistes alors que des artistes ne respectent pas d'autres artistes. C'est cette mentalité qui fait qu'on n'avance pas.» La réussite de réussir en tant qu'artiste notamment à l'étranger, c'est bien, selon Rachid Taha, le sérieux. «La rigueur est la meilleure façon pour qu'un artiste soit respecté, faire toujours mieux, ne pas faire de concessions, être toujours le meilleur et avoir un discours qui puisse tenir la route. Moi, je suis reconnu partout dans le monde, mais il faut qu'on soit plusieurs pour présenter notre culture.» Rachid Taha, estimant que faire revivre la culture aide à combattre l'intégrisme, dont seul l'art a la grâce de contrer les idées intégristes, se penche sur plusieurs projets. «Y a un album qui est sorti, je suis en tournée, j'ai écrit un livre, je fais des musiques de films, jusqu'à maintenant j'en ai fait 4. Je travaille sur un scénario de film intitulé Kebba Belloula, une histoire imaginaire. C'est Elvis qui revient sur terre et qui dit qu'il est algérien», confie-t-il.