Après Johnny Hallyday, Mylène Farmer, Michel Sardou ou des rock-stars anglo-saxonnes comme Sting, Lenny Kravitz, Phil Collins... Mami devient le premier chanteur de raï à se produire en solo au Palais omnisport Paris Bercy ... Cette salle parisienne, véritable temple du spectacle, peut contenir jusqu'à 15.000 personnes. Son aîné, le King du raï Khaled, s'était, lui, essayé sur les planches de l'arène sportive. Une vraie prouesse artistique... Mais il n'était pas seul, puisqu'il était accompagné, alors, de ses deux associés d'Un, deux trois, soleil (1998): Rachid Taha et Faudel. Une belle image que celle-là qui restera dans les annales de la chanson. C'était un pas de gagné pour la musique raï. L'enfant terrible de Saïda avait déjà eu l'occasion de se produire en 1986 dans la salle mythique de Paris, l'Olympia. Mami, qui anime un concert à Bercy confirme, non pas son talent, mais sa grande popularité en France. Preuve qu'il est beaucoup aimé, écouté et très apprécié dans l'Hexagone et même partout d'ailleurs. Sa prestation d'aujourd'hui achève en apothéose l'année 2001 qui aura été ternie par l'annulation de sa tournée qui devait avoir lieu cet automne aux Etats-Unis, une décision, rappelons-le, prise suite aux attentats du 11 septembre et ce, par solidarité avec ceux qui l'ont soutenu et toujours encouragé là-bas. Né le 11 juillet 1966 à Saïda (sud-ouest de l'Algérie), Cheb Mami de son vrai nom Mohamed Khelifati, a commencé très tôt à chanter dans les mariages. Il s'est fait connaître à la Télévision algérienne lors de son passage en 1982 à l'émission culte Alhane oua chabab grâce à ce titre: Ghalia mahboubat galbi. En 1985, Mami participe au 1er festival de raï d'Oran. Une année plus tard, il part pour la première fois en France et participe au festival de raï de Bobigny (Seine-Saint-Denis). 1986, c'est l'année aussi de son premier passage à l'Olympia, 1987, il retourne au pays, pour effectuer son service militaire. En France, Mami a accompli un énorme travail pour se faire connaître. Dès lors, il passe à la vitesse grand V et gagne un public de plus en plus large. Mami fait vibrer le public extra-communautaire. On s'intéresse à lui. Sa carrière est lancée. L'année 1989 correspond à sa 1re tournée américaine qui connaîtra un franc succès. Et à peine une année plus tard, il enregistre, à Los Angeles, l'album Let me raï, avec le producteur sud-africain Hilton Rosenthal (Johnny Clegg). D'autres albums suivront qui connaîtront aussi beaucoup de succès: Saïda (1994), Douni el bladi (1996), Méli méli (1998). Ce dernier lui vaut un double disque d'or pour ses ventes en France (200.000 exemplaires). Un an après, Mami se produit à deux reprises à guichets fermés au Zénith de Paris (6.000 places) et le 4 juillet 1999, il fait son come-back en Algérie et chante devant 100.000 personnes sur l'esplanade de Riad-El-Feth. Mami s'entoure d'un des managers les plus précieux et réputés dans le monde Miles Copeland, frère de Steward Copeland, batteur du groupe mythique Police, formation dont il fut manager à son époque de gloire. Le célèbre chanteur de Fragile, English man in New York, Mad about you, Message in a bottle et tant d'autres célèbres morceaux, Sting en l'occurrence, une des rock-stars les plus populaires dans le monde, est toujours resté sous sa coupe. Après avoir découvert notre jeune chanteur de raï il y a quelques années sur la scène de la Cigale à Paris, Miles Copeland est prêt à faire de lui une véritable star. Il est décidé à faire mieux que son premier manager Michel Levy qui a découvert Mami il y a 15 ans. Notre prince du raï bénéficie, dès lors, d'une prise en charge indéfectible, solide. Un dispositif destiné à lui faire conquérir les territoires anglo-saxons qui, d'ordinaire, se méfient de tout ce qui n'entre pas dans le cadre de la norme pop-rock internationale. Copeland «persuade» Mami à enregistrer un duo avec Sting Desert rose. Une chanson qui fut utilisée au départ comme le générique d'une publicité audiovisuelle internationale pour une marque automobile. 2000: le duo Désert rose, avec Sting lui ouvre les portes des radios américaines. La chanson était extraite de son nouvel album Dellali, (son cinquième enregistrement) sorti simultanément à Oran et en France le 12 juin 2001. Un album complet et techniquement bien ficelé, destiné à toucher le grand public international. Dellali a été, en effet, réalisé par des producteurs de renom, «un ancien», Niles Rodgers de Chic, artisan il y a 18 ans de la «résurrection» commerciale de David Bowie avec l'album Let's dance et un «moderne», Nitin Sawhney, maître du «banghra beat» indien. Outre Sting, d'autres invités de prestige ont pris part à la réalisation de cet album notamment: Charles Aznavour qui assure le texte de Ya Habibi, Ziggy Marley... Grâce à cet album, Mami a pu ainsi conquérir de nouveaux publics, lors de la dernière tournée internationale de Sting. Désormais connu, Mami est d'autant plus reconnu par les professionnels de l'industrie du disque internationale. Un article dans le Bilboard américain, lui est accordé au même titre qu'un Mick Jagger ou un Elton John. Une célébrité amplement méritée qui n'a altéré, en aucun cas, son sens de la générosité et de la solidarité... puisque, suite aux tragiques inondations qui ont endeuillé la capitale le 10 novembre dernier, Mami n'a pas hésité à renoncer à tous ses engagements pour venir apporter son soutien aux sinistrés de Bab El-Oued. L'appel du coeur et des « racines » était plus fort... Le 29 décembre 2001, Mami devient le premier chanteur de raï et le premier chanteur algérien à se produire en solo au palais omnisports de Paris-Bercy. Une belle consécration.