Protestation - Paramédicaux et corps communs ont réussi à paralyser les hôpitaux par un mouvement de grève qu'ils disent «illimité». «Les grèves se suivent et vont se poursuivre tant que le remède efficace n'est pas encore prescrit concrètement», nous a déclaré, hier, un membre du Syndicat autonome des paramédicaux (SAP) rencontré à l'hôpital Mustapha-Pacha. Une situation qui pénalise gravement les malades. Une virée à travers plusieurs services de cet établissement hospitalier, nous a, en effet, fait toucher du doigt le ras-le-bol des malades . «C'est la deuxième fois en trois mois que je rate un important rendez-vous pour une éventuelle hospitalisation», nous dit un patient – à l'intérieur d'une ambulance – venu de Bordj Bou-Arréridj. Au niveau des services des urgences et du service d'ophtalmologie, c'est aussi le ras-le-bol et l'irritation à l'égard du secteur de la santé. «Rien à dire, sauf que dans notre pays il n'y a plus d'autorité ni d'humanisme. Ces personnels persistent dans des grèves cycliques, prennent en otage les malades. En un mot, il y a deux catégories de citoyens dans notre pays : les citoyens de l'Algérie d'en haut, et ceux du petit peuple de l'Algérie d'en bas», nous dit un citoyen qui devait bénéficier d'une hospitalisation pour un décollement de la rétine. Dans les couloirs du service maternité, ce n'est pas la joie non plus. Une patiente qui devait subir un contrôle médical suite à un curetage, s'est fait rabrouer sans aucun état d'âme par un agent de sécurité. «Je souffre d'une infection, conséquence d'une fausse couche et d'un curetage. Voilà que je dois souffrir encore à cause de ce service que je connais trop bien pour y avoir séjourné plusieurs fois», nous dit une jeune dame, fonctionnaire au ministère de ... la santé publique. Comme quoi, tous les malades sans exception, passent à la trappe de ces mouvements de grève. Aux hôpitaux Parnet à Hussein Dey et Z'mirli à El-Harrach, c'est le même scénario. A Parnet, aux services de cardiologie et pédiatrie, c'est un échange «d'amabilités», entre les citoyens et le personnel médical. A «vous êtes des criminels», lancé par un patient à l'adresse d'un groupe de paramédicaux en grève, la réponse est : «Va te plaindre au Bon Dieu». Cette réponse de mauvais goût, a failli être la cause d'une bataille rangée entre citoyens d'un côté, et certains grévistes des corps communs, de l'autre. Pour rappel, les représentants du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) ont entamé, hier, un mouvement de grève de trois jours pour protester contre l'application «partielle» du statut particulier de ce corps par la tutelle. «La grève observée à l'échelle nationale est suivie à 90 % dans les régions de l'intérieur du pays et à 100 % dans les wilayas du centre», selon le syndicat. Taux de suivi de 80 %, selon le SNPSP Dans un communiqué parvenu ce matin à notre rédaction, l'intersyndicale de la santé, englobant le Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy), le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) et le Syndicat national du personnel de l'enseignement du paramédical (SNPEPM), déclare que «la plupart des centres de santé d'Alger se sont joints à la grève. Un service minimum ainsi que les urgences, à savoir médicales, chirurgicales, gynécologiques et autres, sont toutefois assurés dans les pavillons des urgences et certains services médicaux qui ne désemplissent pas». Joint, hier, par téléphone, le Dr Lyes Merabet, président du SNPSP, a affirmé que «le taux de participation national à ce débrayage a atteint 80 %».