Désastre - Outre le lourd bilan humain, 85 % des bâtiments de Lisbonne ont été détruits. Parmi ces bâtiments, les plus célèbres de ses palais et bibliothèques, brillants exemples d'une architecture manuéline du XVIe siècle typiquement portugaise. Le Palais Royal, juste au bord du Tage et à l'emplacement actuel de la place Terreiro do Paço, a été également détruit : à l'intérieur, les 70 000 volumes de la bibliothèque royale ont été perdus, tout comme des centaines d'œuvres d'art incluant des peintures des célèbres peintres Titien, Rubens et du Corrège. Des archives royales extrêmement précieuses ont disparu, et avec elles le compte-rendu détaillé des grandes explorations réalisées par Vasco de Gama et d'autres navigateurs. Le tremblement de terre a eu, par ailleurs, raison des principaux édifices religieux de Lisbonne, en particulier la cathédrale de Santa Maria, les basiliques de São Paulo, Santa Catarina, São Vicente de Fora, et enfin l'église de La Miséricorde. L'hôpital royal de Tous-les-Saints, le plus grand hôpital du monde à l'époque, a été consumé par le feu avec plusieurs centaines de ses patients. La tombe du héros national Nuno Álvares Pereira a été aussi perdue, et les visiteurs actuels de Lisbonne peuvent toujours se promener sur les ruines du couvent des Carmes, qui ont été préservées pour rappeler la catastrophe aux Lisboètes. La famille royale a échappé sans dommage à la catastrophe. Le roi Joseph Ier et sa cour s'étaient absentés de la ville après avoir assisté à une messe au lever du soleil, en raison du souhait d'une des filles du roi qui désirait passer des vacances hors de la capitale. Après la catastrophe, Joseph se mit à nourrir une peur incontrôlable à l'idée de vivre entre des murs, et la cour s'est installée dans un gigantesque complexe de tentes et de pavillons sur les collines d'Ajuda, à l'époque encore en bordure de Lisbonne. La claustrophobie du roi ne s'est jamais apaisée, et ce n'est qu'après sa mort que sa fille Marie Ire entame la construction de l'actuel palais royal d'Ajuda, sur l'ancien site des tentes. Lisbonne n'a pas été la seule ville portugaise affectée par la catastrophe : les destructions ont touché tout le sud du pays, en particulier l'Algarve. Les secousses du séisme ont été ressenties partout en Europe, jusqu'en Finlande. D'autres tsunamis atteignant des hauteurs de vingt mètres ont frappé les côtes de l'Afrique du Nord, ou traversé l'océan Atlantique jusqu'à la Martinique et la Barbade où ils ont atteint respectivement des hauteurs de 1,80 et 1,50 m. La vague a atteint plus de 3 mètres à Penzance en Cornouaille. Enfin, 10 000 autres personnes ont perdu la vie de l'autre côté de la mer Méditerranée, au Maroc notamment, où plusieurs villes et côtes marocaines ont été ravagées. Lire demain : «Portugal : maintenant, enterrez les morts et nourrissez les vivants»