Dix morts en moins de vingt-quatre heures ; c'est le bilan des affrontements incessants entre partisans et opposants du Président déchu. Ce matin, six personnes ont été tuées aux abords de l'université du Caire. La rue continue donc de s'enflammer. Certains observateurs y voient les prémices d'une guerre civile. Alarmistes ? Pas si sûr, surtout que les médias des deux camps attisent le feu à volonté et que des «chouyoukh» comme Al-Qaradaoui, continuent leurs appels au meurtre. Six personnes au total sont mortes, tôt ce mardi matin, dans des affrontements entre partisans et adversaires du président islamiste déchu Mohamed Morsi au Caire, ont indiqué des médias gouvernementaux, citant des sources au ministère de la Santé. Toutes ces personnes ont été tuées aux abords de l'université du Caire, dans le quartier de Guizeh, proche du centre-ville. Au moins deux Egyptiens ont été tués ce mardi quand un assaillant a ouvert le feu contre des partisans du président islamiste déchu, Mohamed Morsi, rassemblés au Caire, a rapporté le quotidien gouvernemental Al-Ahram sur son site Internet. Les deux hommes ont été tués par des tirs d'armes par un inconnu qui a attaqué les pro-Morsi près de l'université du Caire, selon ce journal. Hier, lundi, quatre Egyptiens ont été tués, dans des affrontements entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi, dont la famille a annoncé des poursuites contre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, l'accusant d'«enlèvement». Deux personnes ont été tuées dans des affrontements à Qalioub, à la périphérie nord du Caire, tandis qu'une troisième a été écrasée par un train en tentant de s'enfuir, selon des sources de sécurité. Dans la capitale, un homme de 20 ans a succombé à ses blessures par balle près de la place Tahrir, où les partisans des deux camps se sont affrontés à coups de pierres et de chevrotine. Vingt-six autres personnes ont été blessées près de Tahrir, principalement par des tirs de chevrotine, selon les services des urgences. Par ailleurs, un policier et un civil ont été tués et quatre militaires blessés dans une série d'attaques dans le nord du Sinaï, où le siège de la Radiotélévision à Al-Arich a été visé, selon des sources de sécurité et médicales. Les accrochages armés sont incessants dans la péninsule, limitrophe d'Israël et de la bande de Gaza, depuis la déposition du président islamiste. Dans la soirée, le président intérimaire, Adly Mansour, a plaidé pour la «réconciliation» nationale, dans une brève allocution télévisée, à la veille de l'anniversaire du renversement de la monarchie en 1952 par les «Officiers libres» conduits par Gamal Abdel Nasser. «Après les deux révolutions de notre grand peuple, du 25 janvier (2011, NDLR) et du 30 juin, nous voulons ouvrir une nouvelle page pour notre nation», a-t-il déclaré, en référence aux mouvements qui ont balayé successivement le président Hosni Moubarak en 2011 et Mohamed Morsi le 3 juillet 2013. Les autorités de transition poursuivaient l'application de leur «feuille de route», avec la prestation de serment de deux nouveaux ministres. Les Frères musulmans ont réitéré leur rejet des nouvelles autorités en réunissant des membres islamistes de la Chambre haute (Conseil de la choura), qui assumait la totalité du pouvoir législatif jusqu'à sa dissolution lors de la destitution de M. Morsi. En session improvisée à la mosquée Rabaa al-Adawiya, où plusieurs milliers de pro-Morsi sont installés dans un campement, les parlementaires ont réclamé la restauration du président et de la Constitution, ainsi que «la fin immédiate de la disparition forcée» de M. Morsi. La famille de Mohamed Morsi, détenu au secret depuis sa destitution par l'armée, a dénoncé son «enlèvement». «Aucun d'entre-nous n'a eu aucun contact avec notre père depuis l'après-midi du coup d'Etat», a indiqué un de ses fils, Oussama Morsi.